Si la pandémie actuelle va logiquement causer une baisse des volumes de vente des smartphones dans le monde en 2020, les analystes ne voient pas le marché du smartphone s’effondrer de sitôt. Il n’y a qu’à jeter un coup d’œil dans notre Top 10 des photophones pour voir que dans un marché en croissance, un équipement est en explosion : les modules caméra.
Passés d’un unique module au dos de l’appareil, à une configuration à sept modules dans le cas d’un appareil comme le Huawei P40 Pro+, le volume de ces bijoux d’optique et l’électronique va presque doubler d’ici 2025.
Il faut dire que les prédictions annoncent un chiffre moyen de cinq modules caméra par smartphone d’ici là. Ce qui nous fera passer d’un marché de 31 milliards de dollars en 2019 à un gros gâteau de 57 milliards de dollars dans cinq ans.
Plus de 30% du total pour les capteurs…
Un module caméra est composé de quatre éléments : le capteur d’image, le bloc optique avec les différentes lentilles, l’actuateur, c’est-à-dire la partie mécanique qui pilote les lentilles (autofocus, stabilisation optique), et le « module caméra », qui réunit tous ces éléments sous une forme facile à intégrer dans les appareils (ou véhicules dans le cas de l’automobile).
Le niveau de technicité dans chaque domaine est tel, qu’aucun acteur ne peut investir tous ces domaines, qui ont chacun leurs propres champions. Quoique l’assemblage des modules caméra soit le business qui va le plus grossir – le volume d’affaires va plus que doubler pour passer de 8,7 milliards de dollars à 19,1 milliards de dollars – le business des capteurs restera le plus important en 2025. Et dans ce domaine, un acteur se paye la part du lion…
Sony, le maître des capteurs, a le pied sur l’accélérateur
Si différents acteurs se partagent plus ou moins équitablement trois des quatre marchés, celui des capteurs est outrageusement trusté par Sony – lire notre dossier « Sony, le grand empereur des capteurs ». Le Japonais représente en effet 50% du volume des capteurs d’image du monde – et 70% dans le marché des smartphones.
Mais en plus de régner en matière de volume, Sony domine aussi si on considère la valeur : quand son plus sérieux rival, le coréen Samsung, vend ses composants à un prix moyen de 2,1 dollars, Sony lui vend en moyenne à 4,5 dollars !
Un différentiel de valeur énorme qui donne des ailes au champion japonais. Devant la division jeux vidéo, la branche capteur est désormais la plus lucrative du groupe en dégageant presque deux milliards de dollars de bénéfices. Un analyste de Forbes prédit même que la division capteur pourrait croître de +300% dans les prochaines années.
C’est cet argent qui permet à Sony de continuer à investir. Autant dans l’appareil de production – une usine à plus de six milliards de dollars est en construction – que dans la recherche et le développement.
Ainsi, le groupe fondé par Akio Morita renoue avec son ADN de locomotive de la recherche et ne s’arrête pas aux capteurs d’image classiques. Il investit non seulement dans des versions « intelligentes » de ses capteurs, comme dans des capteurs compagnons tels que les capteurs ToF ou le Lidar 3D des derniers iPad Pro.
Sans compter la liste de projets que Sony fait lentement bouillir dans ses laboratoires – capteur à obturateur global, capteur multicouche façon Foveon, etc. Ni oublier que Sony investit aussi le domaine des caméras automobiles, l’autre juteux marché de l’imagerie.
Le monde de la photo traditionnelle est peut-être en crise, mais celui des capteurs se porte comme un charme. Au plus grand bénéfice de Sony…
Sources : Yole Développement & Forbes via image-sensors-world (1) et (2)
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