Le logiciel libre, une véritable alternative économique
En 1991, un jeune universitaire finlandais, Linus Torvalds, annonce avoir écrit les bases d’un système d’exploitation standard et basé sur Unix. Il invite la communauté mondiale…
En 1991, un jeune universitaire finlandais, Linus Torvalds, annonce avoir écrit les bases d’un système d’exploitation standard et basé sur Unix. Il invite la communauté mondiale des développeurs à enrichir son ?”uvre, dont il distribue le code source tous azimuts. Le système d’exploitation de base ?” le minimum pour pouvoir fonctionner ?” est gratuit, l’utilisateur s’engageant à remettre dans le pot commun ses éventuelles améliorations. Son message est entendu par une large communauté d’informaticiens disséminés de par le monde. Linux et le concept du logiciel libre, ou open source, sont nés. Dix ans plus tard, le mouvement initié par Linus Torvalds est cautionné par les grands noms de l’informatique et une industrie du service fondée sur cette initiative se développe à l’échelle planétaire.Pourtant, avant de percer, l’open source est marginalisé. Il n’intéresse ni les éditeurs de logiciels ni les constructeurs d’ordinateurs, tandis que les utilisateurs professionnels se méfient de l’angélisme universitaire. Après tout, se disent-ils alors, ce que tout un chacun peut se procurer gratuitement par simple téléchargement peut-il remplacer leurs coûteuses licences ? Les qualités de stabilité et de fiabilité des logiciels développés selon ce modèle collaboratif auront raison de ces réticences et suffiront à assurer la diffusion des logiciels libres sans dépenses marketing.
Une large pénétration
De fait, ces derniers se prévalent d’une très large pénétration. Les poids lourds de l’open source sont au nombre de quatre : Linux, le célèbre système d’exploitation de la famille Unix ; Apache, un robuste serveur web ; My SQL, un système de gestion de bases de données ; Perl, PHP et Python, un puissant trio de langages de programmation.Désormais, le logiciel libre est aussi un business. Déjà, Mandrake Soft, distributeur né en France et introduit sur le Marché libre parisien en juillet dernier, taille des croupières à l’Américain Red Hat. L’“open business” pourrait tirer le meilleur parti de la récession qui se dessine. Car les jeunes sociétés du logiciel libre n’ont pas besoin de fonds importants : le gros de l’investissement en recherche et développement est déjà fait.Les constructeurs comme IBM, HP, Sun ou Bull, assurent désormais le support des machines sous Linux. Quant aux grands éditeurs, à l’instar d’Oracle, ils ne cachent pas leur intention de considérer Linux comme le seul Unix et de limiter les nouvelles versions de leurs logiciels à ce standard. SAP a adopté l’open source pour sa base de données. Et des prestataires se proposent de mettre les logiciels libres à la portée des novices. Car passer à l’open source, c’est choisir une solution, trouver des prestataires, former les utilisateurs, mettre en place un support technique, une documentation… Si le logiciel libre est gratuit, les services associés, eux, sont facturables.L’enjeu de l’open source devient le développement de solutions capables de dépasser les couches basses d’infrastructures. Aujourd’hui, les documents Star Office (la suite bureautique libre de Sun) doivent être convertis pour être lus par les Word, Excel ou Powerpoint. Mais pour combien de temps ? Pas étonnant, dès lors, que Steve Ballmer, patron de Microsoft, ait récemment qualifié le pingouin Linux, l’inoffensive mascotte du logiciel libre, de véritable “cancer “.