Moins cher qu’une tablette, plus autonome, plus petit et plus léger, l’e-book ne manque pas d’atouts. Les fabricants multiplient les lancements à l’approche des fêtes… Tenté ?
Et si le décollage du livre électronique était imminent ? Enfin, serait-on tenté de dire, l’avènement des liseuses électroniques ayant été annoncé depuis la toute fin des années 1990. Les problèmes d’encombrement, de lisibilité et d’autonomie appartiennent désormais au passé. La concurrence des smartphones et des tablettes, appareils également propices à la lecture, a sans aucun doute freiné leur développement récent. Mais à l’approche des fêtes de fin d’année, les fabricants et les distributeurs de livres électroniques passent à l’offensive. Leurs produits sont de moins en moins chers, l’encre électronique permet des miracles en termes d’autonomie (jusqu’à un mois sans recharge !) et de lisibilité, l’offre de lecture s’enrichit chaque jour…Plusieurs annonces laissent entrevoir une accélération notable du marché. C’est d’abord Amazon qui vient de lancer officiellement son best-seller, le Kindle, en France. Un deuxième lancement, en réalité, puisque depuis 2009 le cyberlibraire américain propose aux internautes français d’acquérir sa gamme de liseuses ; mais, jusqu’à présent, il fallait se contenter de modèles fonctionnant en anglais, commandés aux États-Unis (avec les frais de port afférents) et à l’offre de livres en français bien pauvre. Ces soucis sont désormais corrigés depuis début octobre, et le Kindle est associé à une bibliothèque d’ouvrages numériques en français. Mieux, les réfractaires à l’achat en ligne peuvent désormais le trouver en grandes surfaces. Le Kindle 2011 figure au catalogue de Noël des hypermarchés Géant ; il est également disponible dans les magasins Virgin. L’enseigne propose aussi une autre liseuse, la Cybook Odyssey, du fabricant français Bookeen, griffée à sa marque. Un investissement rentable à en croire Emmanuel Rochedix, directeur commercial de Virgin Megastore : “ Les ventes sont près de deux fois supérieures à nos prévisions. La Cybook Odyssey par Virgin s’est autant vendu en magasin que le Kindle. ”Pour autant, les liseuses stars de la fin 2011 en France se limitent à l’affichage en noir et blanc ; or l’avenir est à la couleur. Exemples : le Kindle Fire d’Amazon et le Nook Color de la chaîne de librairies américaine Barnes & Noble, tout juste lancées aux États-Unis (et pas encore prévues en France). Proches des tablettes traditionnelles, elles tournent toutes deux sous une version modifiée d’Android et affichent les ouvrages sur un écran LCD couleur (et non un système E Ink). L’innovation la plus marquante vient de Corée du Sud : Kyobo, l’un des principaux libraires du pays, vend une liseuse dotée d’un écran couleur à technologie Mirasol. Développée par Qualcomm, elle ne nécessite pas de rétroéclairage et fonctionne grâce à un système de micromiroirs réfléchissant la lumière couplé à des filtres. La généralisation de la techno ne saurait attendre.
Des œuvres au prix trop élevé en France
Malgré ces avancées, le succès du livre numérique n’est pas totalement assuré. Des freins subsistent. Celui des DRM, d’abord, qui restreignent les usages pour les possesseurs d’e-books (voir encadré page précédente) ; celui de l’ergonomie, ensuite, pas encore parfaite (certaines interfaces tactiles ne sont toujours pas au point, voir ci-contre) ; celui du prix des ouvrages, enfin. Si, dans certains pays, ces derniers sont vendus jusqu’à 50 % moins cher que leur équivalent papier, en France, l’écart, quand il existe, est plus faible (de 20 à 30 %). Une loi sur le prix unique du livre numérique a été votée le 17 mai 2011, et ses décrets d’application ont été publiés au Journal officiel le 11 novembre. Elle prévoit que les éditeurs fixeront le prix des œuvres dématérialisées, prix qui sera applicable pour tous les distributeurs, aussi bien en France qu’à l’étranger. Mais avec ce procédé, les disparités entre la France et ses voisins risquent bien de se maintenir.
