Nouvelle économie, nouveau mythe ? se demandait l’an dernier Jean Gadrey. Comme les prévisions optimistes sur la nouvelle économie ont été depuis démenties, il republie son livre avec une postface intitulée : “Que reste-t-il de la nouvelle économie ?“, qui sonne le glas non seulement de nombreuses start-up mais, surtout, des enthousiasmes irraisonnés et hâtifs. Son livre est comme celui de beaucoup de Cassandre modernes : si les événements ont confirmé son pessimisme, ils s’ingénient à lui donner tort sur bien des raisons qui le fondent.Pour lui, les déboires des pays plongés dans la révolution internet sont liés au libéralisme et à la déréglementation. Position tranchée qu’il a pourtant du mal à faire partager. Car, ce qui a nui à la nouvelle économie, c’est la distorsion entre le retour sur investissement attendu et la réalité de ce retour. Comme le souligne l’auteur, malgré la capacité accrue grâce à internet de contacter les acheteurs potentiels, la croissance de la demande n’a pas connu d’accélération significative. Force est donc de constater que le client continue de se comporter suivant le modèle global de l’économie de marché, comparant l’utilité d’un achat au débours qu’il nécessite.Les schémas économiques classiques, qui font du travail ?”et non des emballements spéculatifs?” la source de la richesse, et de la réflexion rationnelle, l’origine du comportement des consommateurs, sont toujours à l’?”uvre, même si la nouvelle économie a changé les types de produits ou services vendus. Le ralentissement actuel s’inscrit dans une logique de cycle et correspond à la nécessité pour les entreprises de rentabiliser les investissements réalisés avant de recommencer à accumuler du capital. Nul besoin, dès lors, de la mobilisation ” citoyenne ” que l’auteur appelle de ses v?”ux pour relancer la machine économique.
*Professeur à l’ESCP-EAP
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