Quand la police scientifique et la médecine légale interviennent sur les lieux d’un crime ou d’une catastrophe, arrivent des femmes et des hommes en combinaison blanche, traversant le paysage dans le but de relever un maximum d’indices. Ce processus vise à « fixer la scène » avant que l’environnement ne soit trop modifié. Parmi les outils que l’on voit souvent dans les films policiers figurent l’appareil photo, la pincette, le sac en plastique ou la mallette chimique.
Depuis quelques années, cette panoplie inclut un nouvel appareil : le scanner laser. Un outil dont la force est de permettre la modélisation 3D d’une scène avec une précision de l’ordre de quelques millimètres. Et cela en un temps record.
Le principe technique est le même que celui d’un télémètre laser : on envoie un faisceau laser infrarouge vers un objet qui le réfléchit vers l’appareil. Le temps de parcours permet de déduire la distance avec précision. Quand le télémètre laser réaliser une mesure après l’autre, le scanner laser est muni d’un système de miroirs pivotants qui orientent le faisceau dans tous les sens à haute vitesse.
« Le scanner laser fait plusieurs millions de mesures par secondes. Le résultat est un nuage de points qui va représenter l’environnement dans lequel est placé le dispositif en trois dimensions. Et si l’option couleur est sélectionnée, l’appareil réalise une seconde rotation avec prise de photos. Celles-ci seront ensuite superposées au nuage de points grâce à un logiciel », explique le chef d’escadron Christophe Lambert, du Pôle judiciaire de la Gendarmerie nationale (PJGN).
Cette entité – sollicitée pour des affaires judiciaires complexes – dispose actuellement de deux scanners de marque Faro Focus 3D. L’achat d’un troisième est envisagé, sachant que le coût d’acquisition est compris entre 40.000 et 50.000 euros (maintenance sur trois ans comprise).
La totalité d’un carambolage a pu être scanné
Ce système a notamment été utilisé en décembre dernier, dans le cadre du carambolage survenu près de la Roche-sur-Yon. L’évènement a impliqué plus d’une trentaine de véhicules et a fait 5 morts et une vingtaine de blessés. Les gendarmes ont réalisé 80 scans pour capter la totalité des quatre voies de circulation sur une longueur de 250 mètres.
Cette opération a demandé près de cinq heures de travail. « Cela nous permet de figer la position des véhicules et des débris. Par la suite, il est possible de prendre des mesures, de visualiser des traces de freinage, d’évaluer la déformation des véhicules, d’estimer les vitesses et de faire des simulations de chocs. Le tout dans le but de proposer un scénario de l’évènement de l’accident », poursuit le chef d’escadron Christophe Lambert. Autre avantage de la modélisation 3D : la scène peut être montrée au tribunal sous n’importe quel angle, permettant aux personnes présentes de visualiser aisément l’accident.
Côté criminalistique, le système Faro Focus 3D se révèle également fort utile car il intègre deux modules forensiques : la visualisation de trajectoires balistiques et l’analyse des traces de sangs. Il existe en effet des techniques mathématiques qui, à partir de la localisation et de la forme des impacts de balle ou des traces de sang, permettent d’identifier l’origine des coups de feu ou de déterminer les conditions dans lesquelles les victimes ont été blessées ou tuées.
Dans l’image ci-dessus, le logiciel de Faro permet par exemple de localiser dans l’espace 3D l’emplacement de la victime au moment fatidique. Ce n’est pas pour rien que les gendarmes du PJGN ont comme surnom «Les Experts».
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