Le langage xml: la convergence des dialectes du commerce B to B
Après la prolifération de grammaires XML pour l’échange de données entre entreprises sur internet, les initiatives de standardisation se rapprochent.
“Le commerce interentreprises constitue le domaine pour lequel XML présentera, à l’avenir, le plus fort potentiel”, déclare sans surprise Guy Fermon, cofondateur et organisateur du forum XML. Une affirmation confortée par une récente étude de la société de veille technologique Intellor Group, menée en mars 2001 auprès de deux cent trente-deux entreprises. Interrogées sur les bénéfices de l’adoption de XML (eXtensible Markup Language), 66 % d’entre elles répondent que le principal avantage réside dans l’obtention d’un format de données commun, qui facilite les échanges entre partenaires commerciaux sur internet.Si les entreprises perçoivent bien les vertus de XML sur le terrain du B to B, elles se montrent encore prudentes dès lors qu’il s’agit de l’utiliser. Une enquête réalisée en mars dernier par Multilignes Conseil pour 01 Informatique concluait que seules 5 % des cinq cent cinquante-cinq sociétés sondées faisaient déjà appel à XML. “Sans un travail de fond, il est impossible de comprendre la nébuleuse des technologies XML émergentes et leur interaction, déplore Didier Girard, directeur technique de la société de services Improve. La multiplication des standards bâtis autour de XML engendre beaucoup de confusion. Ce qui peut finir par nuire à son essor.”De ce chaos ambiant ?” que d’aucuns associent au battage publicitaire indispensable à l’évangélisation de XML ?” semble enfin poindre une lueur de clarification. Parmi les innombrables grammaires XML, parfois redondantes, voire concurrentes, on assiste à une amorce salutaire de convergence, certains dialectes faisant d’emblée autorité et provoquant le ralliement de travaux connexes. Ainsi, en matière d’infrastructure technique d’échanges, ebXML répond, pour l’instant, aux objectifs qu’on lui avait assignés. Cette spécification, promue par l’Oasis (Organization for the Advancement of Structured Information Standards) et l’UN/Cefact, a été approuvée au mois de mai dernier.Quelques semaines après la validation de l’architecture technique d’ebXML, au début du mois de juillet dernier, le consortium Star (Standards for Technology in Automative Retail) a annoncé son intention de définir une architecture de messages destinée à mettre en relation concessions et constructeurs automobiles. Si, pour la définition du contenu des messages, Star a décidé de s’appuyer sur les descriptions XML de la spécification Oagis (Open Applications Group Integration Specification), il fera appel, pour leur transport, à ebXML.
Adapter ebXML au marché française
L’association Edifrance, en charge de la promotion sur l’Hexagone des échanges électroniques professionnels, croit beaucoup en ebXML. Au point de mettre en place des groupes de travail dont l’objectif est, notamment, d’adapter la sémantique du vocabulaire ebXML au marché français. “C’est la seule norme bénéficiant de l’estampille des Nations unies, comme les standards EDI, et pouvant prétendre à une validation de la part de l’ISO”, estime Marc Langlois, son délégué général. On a, un temps, opposé à ebXML l’annuaire global de référencement de services web UDDI, lancé à l’origine par Ariba, Microsoft et IBM. Et ce parce que ebXML comporte, lui aussi, un registre de ce type, baptisé Registry and Repository. Or, d’après Didier Girard, “UDDI a peu de chances de voir le jour en tant qu’annuaire universel”. Guy Fermon est tout aussi réservé. Il affirme néanmoins que “le futur succès d’UDDI tiendra davantage à son utilisation interne dans l’entreprise, dans le cadre de transactions commerciales bien établies “.A ce titre, une utilisation conjointe des deux supposés rivaux consistera à référencer dans un registre UDDI les services techniques d’échanges définis en ebXML. Autre spécification XML à se rapprocher d’ebXML : Rosettanet. Dévolue aux échanges électroniques dans le monde des hautes technologies et de l’industrie des semi-conducteurs, elle exploitera le service de transport de messages ?” Messaging Services ?” établi au sein du standard de l’Oasis. La spécification de ce service d’ebXML, auparavant propriétaire, accueille désormais Soap (Simple Object Access Protocol), le protocole XML d’invocation de services web. “Les services web représentent le grand enjeu de l’industrie informatique dans les prochaines années”, explique Guy Fermon.Bonne nouvelle : le protocole Soap, d’ores et déjà adopté par de nombreux industriels, a récemment rejoint l’activité “XML Protocol” du W3C. Celui-ci a publié en juillet sa première note officielle concernant la version 1.2 de Soap, défini à l’origine par Userland, Developermentor et Microsoft. “Ces protocoles doivent maintenant donner naissance à des produits”, insiste Didier Girard. Un point de vue partagé par Marc Langlois : “Les projets d’échanges collaboratifs sur internet invitant les PME ne démarreront réellement que lorsque les progiciels de gestion auront mis en ?”uvre des spécifications comme ebXML.” Progiciels qui seront alors capables d’absorber la complexité liée aux interfaces des messages XML et de traduire les données métier des PME dans un format d’échange tel qu’ebXML. Mais, avant d’utiliser XML dans le commerce B to B, “encore faut-il que l’infrastructure du système d’information et les données soient propres, conclut Guy Fermon. Ce qui explique l’actuelle multiplication de projets en France portant sur l’emploi de XML dans un contexte d’intégration d’applications internes “.