Hubert Burda, Leo Kirch, tous les deux patrons des groupes qui portent leur nom, le président de Bertelsmann, Thomas Middelhoff, celui d’EM.TV, Thomas Haffa. À lire les noms des membres du comité consultatif de Gotobavaria, l’enjeu paraît de taille. La fine fleur des médias et du high-tech allemand soutient en effet les efforts de la toute nouvelle agence de l’État de Bavière pour inciter la main d’?”uvre et les investisseurs étrangers du secteur à s’installer dans la région.Une initiative régionale sans précédent selon ses instigateurs. Le but principal, “favoriser l’implantation d’entreprises innovantes des médias et des techniques d’information“, est certes des plus classiques, mais l’idée que “ cela n’est pas possible sans le personnel ” qui va avec, selon le porte-parole de l’agence, Richard Tigges, est quasi révolutionnaire dans le Land le plus conservateur d’Allemagne. Après seize ans passés à répéter à l’envi que “ l’Allemagne n’est pas un pays d’immigration“, le plus fidèle bastion chrétien-démocrate (CDU-CSU) recrute aujourd’hui des spécialistes informatiques directement dans le sud de l’Inde ou la Silicon Valley . Gotobavaria (Gotobavaria.org) dispose maintenant d’une représentation à Palo Alto et va en ouvrir une autre, d’ici à la fin 2001, probablement à Bangalore, dans le sud du sous-continent indien, “un marché internet et télécoms (IT) énorme “.Dans la Silicon Valley, il ne s’agit pas seulement de démarcher les investisseurs potentiels du premier des trois principaux centres du secteur (devant Boston et Tel-Aviv). “ En Californie, on rencontre plus de spécialistes indiens prêts à immigrer que dans le sud de l’Inde […] car ils ont déjà une expérience d’immigration“, observe Richard Tigges. Selon lui, Gotobavaria vient combler une lacune du dispositif mis en place l’an dernier au niveau national par le chancelier social-démocrate Schröder, sous le nom trompeur de ” green card “.Poussé par la Fédération allemande des entrepreneurs des TMT, Gerhard Schröder a introduit à la hussarde, en août dernier, un permis de travail spécifique, limité à cinq ans, pour l’emploi de spécialistes informatiques non-originaires de l’Union européenne. Alors que certains Allemands craignaient un afflux de travailleurs étrangers (une crainte attisée d’ailleurs par un dirigeant CDU, Jürgen Rüttgers, et son slogan électoral “des enfants aux claviers d’ordinateurs, plutôt que des Indiens “), les experts high-tech des autres continents ne se sont pas bousculés au portillon. À la mi-mars 2001, moins d’un tiers (6 031) du contingent annuel des permis de tra- vail prévus à cet effet avait trouvé preneur. 20 % auprès de citoyens indiens et la moitié pour des experts d’Europe centrale ou orientale.Le chancelier allemand ne se décourage pas pour autant, promettant il y a peu au CEBIT de Hanovre que “ d’autres étapes doivent suivre ” notamment en autorisant “ les étudiants étrangers bien formés en Allemagne” en sciences exactes et en machines-outils à travailler sur place. D’après Manfred Broy, professeur à l’Université technique de Munich, même “ le nombre élevé d’étudiants en première année d’informatique dans notre établissement [1200, ndlr] n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan ” du besoin de spécialistes. Pour le directeur de Gotobavaria, Peter Friess, “le quatrième rang mondial de la Bavière comme site des technologies de l’information est certes réjouissant, mais pas une raison pour se reposer sur ses lauriers“. Aussi son agence, employant une quinzaine de personnes et au budget annuel de 3,5 millions d’euros (23 millions de francs), fait feu de tout bois, allant jusqu’à solliciter l’aide, de Taiwan à l’Ukraine, des nombreuses représentations du Land de Bavière à l’étranger.
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