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Le juteux business de l’encre

Faut-il vraiment utiliser les cartouches du constructeur dans son imprimante ? Que risque-t-on avec des encres génériques ? Comment sont-elles fabriquées ?

Avec des imprimantes dont les premiers prix se situent entre 50 et 70 euros et dont les cartouches sont vendues entre 10 et 40 euros l’unité (à multiplier par deux ou quatre pour une imprimante couleur), il est presque plus rentable de changer d’appareil que d’acheter des recharges… Du coup, de plus en plus de propriétaires d’imprimantes se tournent vers des cartouches génériques ou recyclées, de 30 à 45 % moins chères que celles du constructeur.

Le commerce des encres génériques

Résultat ? Les enseignes spécialisées dans la vente d’encres génériques se multiplient, à l’instar de l’Australien Cartridge World, qui compte aujourd’hui 130 franchisés en France, six ans après son arrivée. Dans les rayons des hypermarchés, les cartouches au logo des fabricants d’encre Pelikan et Armor, voire sans marque, y côtoient celles des constructeurs d’imprimantes. Pour les modèles d’imprimantes populaires, mais dont la commercialisation est arrêtée, les fabricants d’encres compatibles sont même parfois les seuls à proposer des consommables. Y a-t-il un danger à utiliser ces encres génériques ? Oui, répondent en chœur les fabricants d’imprimantes. “ Nous recommandons nos cartouches car elles sont conçues pour nos produits. Les encres des cartouches génériques sont plus ou moins liquides et corrosives, elles risquent d’obstruer les buses et d’abîmer l’imprimante ”, affirme Claire Vidal, porte-parole de Canon.Même son de cloche chez Brother, où l’on explique qu’“ avec ce type de technique, vous avez une chance sur deux de flinguer l’imprimante ”. Sans toutefois communiquer de chiffres précis sur les retours au service après-vente dus à des problèmes de cartouches.Le commerce de l’encre est une manne pour les constructeurs. La vente de cartouches représente 62 % de leur chiffre d’affaires (et 38 % pour la vente d’imprimantes et de toners). Ils investissent beaucoup dans la composition des encres, et les renouvellent souvent lors de la sortie de nouveaux produits.Du coup, pour trouver de l’encre générique adaptée, il faut être patient : “ En général, nos encres compatibles sortent entre six et huit mois après le lancement, explique Delphine Leroy, porte-parole de Pelikan, spécialiste de l’encre sous toutes ses formes. C’est parfois plus long, car les fabricants peuvent nous poser des difficultés ”. Pourquoi un tel délai ? Il faut étudier la nouvelle encre et en recréer une avec des propriétés similaires, mais pas tout à fait de même composition. Sinon, le risque d’être attaqué pour violation de brevet existe ! Ce dont d’ailleurs ne se privent pas les constructeurs d’imprimantes.L’encre générique n’est donc jamais identique à l’originale. Cela ne signifie pas que sa qualité est inférieure. “Nous consacrons 2 % de notre chiffre d’affaires annuel [ndlr : soit environ 6 millions d’euros] à la recherche et au développement, un secteur qui occupe 50 de nos 2 000 salariés ”, précise Delphine Leroy de Pelikan.

Des puces pour contrer le recyclage

Reste le problème de la cartouche elle-même, le réservoir en plastique. Des entreprises récupèrent les cartouches vides, voire les rachètent comme le site www.cartouche-vide.fr, pour les reconditionner avec une encre générique. Afin d’empêcher ce recyclage, certains constructeurs équipent leurs cartouches d’une puce électronique qui décompte le nombre de pages imprimées avec la cartouche. Quand la limite fixée est atteinte, la puce bloque la cartouche, qui devient inutilisable. Dans la guerre livrée autour de ce nouvel or noir, tous les coups sont permis

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Stéphanie Chaptal