Du haut de ses deux années d’existence, Access2net vient de rejoindre le club fermé des sociétés de capital investissement cotées à Euronext Paris.Fondée par la SSII Fi Systems, elle est présente sur le Marché libre depuis le vendredi 25 janvier. Un peu plus de 9 % de son capital est passé aux mains du public, tandis que la part de Fi Systems tombe de 32 à 29,94 %.
Faire fi de la conjoncture
Certains jugent cette inscription précoce, puisque Access2net n’engrange aucun bénéfice. D’autant que ce début 2002 ne semble guère plus favorable aux introductions que l’année écoulée.Pierre-Yves Dargaud, son PDG, rétorque : “ Il faut faire fi des conjonctures, car ce n’est jamais le bon moment d’aller en Bourse. Pour Access2net, l’heure est venue : notre introduction s’inscrit dans une stratégie de croissance externe. Et comme les valorisations des fonds sont au plus bas, c’est aujourd’hui que nous devons agir. Nous aurions pu attendre que notre TRI [taux de rendement interne, ndlr] génère de la plus-value, mais nous n’aurions doublé de taille que d’ici trois à quatre ans. Nous espérons réduire cette période à dix-huit mois grâce à notre levée d’environ 1 million d’euros [6,5 millions de francs, ndlr]. “Afin d’atteindre une masse critique, Access2net privilégie ” l’investissement indirect “. Autrement dit, l’acquisition d’autres fonds, et, par la même occasion, de leur portefeuille et de leur cash. Quatre dossiers seraient actuellement à l’étude. Access2net n’a pas attendu la nouvelle année pour appliquer sa stratégie.En décembre 2001, elle s’est offert ADC (Alliance Développement Conseil), une entreprise spécialisée dans l’amorçage des jeunes entreprises. Access2net a ainsi mis la main sur un portefeuille de vingt sociétés, qui sont venues grossir ses neuf participations directes.
Pourquoi lever en Bourse ?
D’aucuns s’étonnent qu’une société de capital-risque vienne lever de l’argent en Bourse. Siparex Croissance, pourtant coté, n’a-t-il pas toujours été financé par de l’investissement privé ?A priori, les capital- risqueurs n’ont aucune raison d’aller à la rencontre du public, puisqu’ils parviennent à des levées supérieures auprès d’investisseurs privés. De fait, Altamir, créé et détenu majoritairement par Apax Partners, a obtenu 61 millions d’euros lors de son transfert au Nouveau Marché en 1998.Une levée ?” la plus grosse de l’époque ?” qui paraît dérisoire en regard des 4 milliards d’euros du fonds Apax Venture V. Mais Monique Cohen, directeur associé chez Apax Partners, d’expliquer : ” Nous avons décidé en 1995 de créer le fonds Altamir, détenu par le public et qui se régénère, au contraire des fonds classiques que nous remboursons à leur fin de vie. ” Quand Apax investit, qu’il s’agisse d’opérations de LBO ou de capital-risque, Altamir investit de même, si bien que les portefeuilles des deux sociétés sont identiques.
Valeurs à suivre
Les sociétés cotées de ce secteur manquent en effet de liquidité. Le président de Siparex, Dominique Nouvellet, estime que “ les investisseurs ont souvent considéré les sociétés de capital-risque [SCR], comme des holdings. Ils nous ont appliqué des décotes fortes et arbitraires au lieu de prendre en compte nos portefeuilles et nos plus-values “.Pourtant, les investisseurs institutionnels auraient tout intérêt à suivre ces valeurs, car les SCR sont exonérées d’imposition sur les plus-values. Quant aux particuliers, s’ils conservent leurs titres plus de cinq ans et réinvestissent les dividendes, ils sont exonérés d’impôt sur les dividendes et sur les plus-values lors de la cession.Le capital-risqueur, Access2net parie sur l’argent du public pour réussir son pari. Soit. Mais que fera- t-il une fois que l’argent levé sera investi ? Verra-t-il ses plans freinés, à l’instar d’Altamir, qui doit restreindre ses prises de participations de 15 % à 8 % puisque la mauvaise santé des marchés lui rend impossible toute augmentation de capital ? À suivre.
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