En 2003, le coût de raccordement d’un abonné rural à l’Internet haut débit est trois à cinq fois plus élevé que celui d’un abonné urbain. Les chiffres du ministère de l’Economie et des Finances effraient de
nombreux élus. Mais pas ceux de la communauté de communes du Pays de Sillé qui viennent de démarrer la plus vaste expérience de Wi-Fi en plein air jamais autorisée en France.Coincées entre Le Mans, Alençon et Laval, ces huit communes de 300 à 700 habitants n’intéressent guère les grands opérateurs. Alors que leurs élus voient dans Internet le moyen de retenir et d’attirer population et
emplois. Le 2 juin, l’Autorité de régulation des télécommunications (ART) a donc autorisé la communauté à tester le Wi-Fi sur 163 kilomètres carrés. Pas directement toutefois. Une commune n’étant pas légalement autorisée à
gérer un réseau de communications, c’est l’opérateur normand Altitude Télécom qui se charge de l’opération.
Visioconférence et accès aux dossiers médicaux
Premier exemple, le lycée-collège Paul Scarron de Sillé-le-Guillaume. Une grosse bâtisse étalée accueillant 600 élèves au milieu des champs. L’établissement pratiquait déjà Internet mais pas sa version haut débit.
‘ Nous utilisions Numeris pour notre salle informatique, raconte Jacques Zimmer, le professeur de technologies. Avec le Wi-Fi, les élèves ont été surpris de voir qu’un transfert de fichier peut aller
plus vite que nos e-mails d’autrefois ‘. Des transferts qui s’effectuent par les ondes avec l’école élémentaire de Crissé, située à une dizaine de kilomètres.Les élèves, eux, semblent s’être vite habitués. ‘ Ils ne se rendent pas compte qu’ils sont en train de travailler sur des fichiers si distants ‘, poursuit Jacques Zimmer. Idem pour le
système de visioconférence. Tranquillement, les élèves de CM2 de Crissé papotent via webcam et microphone avec leurs semblables de 6e de Sillé-le-Guillaume.Les bâtiments publics ne sont pas seuls concernés. A Sillé-le-Guillaume existe une maison médicale regroupant plusieurs généralistes férus d’informatique et voyant défiler la majeure partie de la ville. Une mine
d’information à laquelle accèdent les sapeurs-pompiers dorénavant avec le Wi-Fi.’ Je peux désormais me connecter avec le serveur de la maison médicalisée ‘ explique Daniel Levy, médecin chez les sapeurs-pompiers. En cas de problème urgent, il n’a plus alors qu’à ouvrir
son portable pour accéder au dossier médical du malade, connaître ses problèmes et le nom des médicaments qu’il prend.
France Télécom est sur les rangs
Et les projets ne s’arrêtent pas là. La communauté espère ainsi récupérer de la SNCF une vaste halle aux marchandises pour la transformer en ‘ plate-forme de technologies ‘ où travailleraient sur place indépendants et
PME s’intéressant à la vidéosurveillance, la domotique, les bornes pour tourisme…Les projets liés au haut-débit ne manquent pas, au point d’attirer l’opérateur historique. ‘ Une fois que France Télécom a compris que nous allions vraiment nous lancer dans le Wi-Fi, ils sont venus nous
proposer de nous installer l’ADSL d’ici à quatre mois ‘, raconte Michel Quillet, le président de la communauté de communes. Une proposition limitée toutefois aux principales localités. Dans l’immédiat, la
priorité de l’élu portera toutefois plus sur le financement. Le Pays de Sillé table ainsi sur le programme européen daides au développement rural, Leader +.De fait, le projet a déjà acquis un statut d’expérimentation marquante. Débordée par les sollicitations de communes intéressées par son initiative, la communauté a ainsi organisé cette semaine un colloque de deux jours à
destination de tous les élus désireux de mieux comprendre le Wi-Fi en milieu rural.Reste une inconnue de taille : la rentabilité. Technologique, ce test est aussi une expérimentation marketing. Il faudra donc revenir dans quelques mois dans la Sarthe pour se faire une idée du coût d’une connexion haut
débit à la campagne.
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