Il fait mauvais aujourd’hui d’être une dot-com aux Etats-Unis. La situation est encore pire si vous avez misé sur l’essor de l’Internet haut débit dans le grand public, en développant par exemple des sites dans le domaine du jeu interactif ou dans celui de la retransmission d’événements sportifs. Car une grande partie des start-up innovantes sur ces créneaux sont en faillite, ou sur le point de l’être.Car, contrairement à ce que l’on pouvait imaginait il y a quelques mois, les internautes américains ne se bousculent pas pour adopter l’internet à grande vitesse. Et nombre d’entre eux semblent même préférer leur connexion par ligne téléphonique ” classique ” à une offre par câble ou par technologie DSL.Seulement 10 % des foyers américains étaient ainsi équipés d’une connexion Internet à haut débit à la fin de l’année 2000, selon le Yankee Group, un cabinet d’étude filiale de Reuters.Même si la demande reste soutenue, selon les fournisseurs d’accès spécialisés, il apparaît que le développement du haut débit sera beaucoup plus lent que prévu. “ Quand on demande aux consommateurs s’ils sont satisfaits de leur connexion téléphonique à l’Internet, ils se disent en fait assez satisfaits, explique Joe Laszlo, analyste chez Jupiter Media Metrix. Un jour viendra où presque tout le monde sera doté du haut débit, mais probablement pas avant 10 à 20 ans.”Comme Joe Laszlo, nombre d’observateurs estiment que l’on n’a pas encore trouvé la ” killer application ” (l’application-décisive) qui convaincra les consommateurs de s’équiper en lignes haut débit. Ces dernières années, la connexion à l’internet a joué ce rôle en dopant les ventes de PC. Mais aujourd’hui, les services proposés par les fournisseurs d’accès haut débit, comme la vidéo sur l’ordinateur, ne suffisent pas à convaincre les consommateurs ?” d’autant que le prix du haut débit est élevé : plus de 40 dollars par mois en moyenne aux Etats-Unis.Handicapés par une lourde dette, d’importants coûts de fonctionnement et l’attente de résultats bénéficiaires, les fournisseurs d’accès spécialisés comme Verizon Communications et SBC Communications ont dû se résoudre récemment à de fortes hausses de tarifs.
La poule et l’?”uf
Verizon, qui recensait 720 000 clients haut débit au premier trimestre, assure que ces hausses n’ont pas ralenti la demande. D’autres n’ont pas la même analyse : ” Il est clair que les consommateurs veulent les avantages du haut débit, mais ils veulent de véritables avantages, à un prix abordable, de la part de fournisseurs d’accès en qui ils ont confiance, explique Nick Donatiello, responsable d’Odyssey, un cabinet de San Francisco. Aujourd’hui, le haut débit ne remplit aucune de ces conditions. “Les opérateurs téléphoniques et les câblo-opérateurs pâtissent de leur mauvaise image de marque, souligne Donatiello. Les plaintes d’utilisateurs sur la qualité de l’offre à haut débit sont désormais si courantes qu’elles ont donné lieu à de nombreux sites Web, comme DSLreports.com.La plupart des fournisseurs de services à haut débit reconnaissent aujourd’hui que la vidéo en ligne ne sera pas un argument suffisant pour attirer les clients. Mais lancer de nouvelles applications revient à résoudre la quadrature du cercle : les innovations sont coûteuses, et le nombre d’abonnés est encore insuffisant pour les amortir.
” C’est vraiment le problème de la poule et de l’oeuf “, résume Seth Cohen, directeur de la stratégie chez ExciteAtHome, dont l’offre haut débit sur le câble comptait 32,2 millions de clients à la fin du premier trimestre. ExciteAtHome étudie des usages spécialisés convenant au haut débit, comme le jeu en ligne ou le téléchargement de logiciels.D’autres usages, comme la téléconférence, ne sont pas encore suffisamment entrés dans les moeurs pour constituer un marché sur l’Internet. “C’est comme pour le fax “, estime Larry Plumb, porte-parole de Verizon. “Si vous êtes le seul à en avoir un, ça ne sert à rien.”
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