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Le haut-débit sur IP légitimera iSCSI

Fervent partisan du Fibre Channel, Brocade investit le champ du iSCSI en 10 Gbit/s. Avec ce débit, les SAN sur IP devraient enfin monter en gamme.

Signe des temps : le champion des réseaux Fibre Channel (FC) rachète pour 50 millions de dollars Silverback, fabricant de composants et de cartes accélératrices pour le monde IP. Le constructeur dispose déjà de passerelles
iSCSI/FC. Mais c’est la première fois qu’il investit autant dans la connectique sur IP. Craindrait-il que le réseau local de l’entreprise ne s’empare de la mutualisation du stockage ? Il se prépare en tout cas au
‘ iSCSI nouvelle formule ‘. Et plus précisément, celui qui empruntera les réseaux d’entreprise 10 Gbit/s (avant 2010), dont Silverback s’est fait une spécialité. Avec un tel débit, ce protocole devrait gommer une partie
des écueils qui freinaient son essor.

Les bases de données en environnement Windows

Des obstacles bien connus : en offrant des accès bloc via IP, le iSCSI a beau s’appuyer sur des infrastructures réseaux et le stockage existants, il exige des serveurs qu’ils décortiquent l’écorce IP autour de
la trame SCSI. Or, ces traitements mettent couramment à genoux les processeurs. Quant à pallier le problème avec des cartes accélératrices IP, l’option affecte l’équation économique, jusque-là en faveur de iSCSI. Résultat, faute de
performance, le protocole n’a jamais su rivaliser avec Fibre Channel. Et encore moins depuis que ce dernier est passé à 4 Gbit/s. Le iSCSI a même dû faire face à une concurrence inattendue : le NAS. C’est surtout vrai depuis
que la plupart des bases de données, comme Oracle, Sybase ou MySQL, supportent le mode fichier. Le choix dépend alors, outre la rapidité d’accès et le prix, des sensibilités de l’administrateur. D’un côté, une gestion de LUN
très proche des supports physiques, de l’autre, une couche d’abstraction reposant sur le partage de fichiers.‘ Au final, iSCSI a abandonné toute velléité dans le haut de gamme, indique Michel Alliel de HDS. Notre dernière baie iSCSI, qui coûte entre 5 et 10 000 euros, est 40 % moins
chère que notre premier package SAN en Fibre Channel. ‘
La tendance est identique chez HP ou EMC. Pourtant, iSCSI a trouvé un champ d’application : les bases de données en environnement Windows, particulièrement
peu adaptées aux modes CIFS. ‘ Neuf dixièmes de nos clients iSCSC exploitent ce protocole pour Exchange ou SQL Server ‘, précise Bruno Picard, responsable technique chez Network Appliance. Avec
7 000 clients, le constructeur revendique son hégémonie sur cette technologie. A noter qu’il embarque en OEM les composants et cartes de Silverback. ‘ En deux ans, le iSCSI a connu ses premières
références,
confirme Michel Gacem, directeur consulting chez A2P Stordata. Elles concernent des applications comme les annuaires ou la gestion d’intranet qui montent peu en charge, ne nécessitent pas
d’administrateur et pour lesquelles le SAN Fibre Channel serait impensable. ‘

Maîtriser iSCSI à ses deux extrémités

Avec le passage au 10 Gbit/s, iSCSI devrait toucher des applications plus stratégiques. ‘ Mais cette bande passante plus large n’éliminera pas les contraintes d’initiation de la couche IP au
niveau du serveur. Bien au contraire, elles redoubleront ‘,
explique Bruno Guiet, architecte chez Brocade. D’où l’intérêt pour ce dernier de maîtriser iSCSI à ses deux extrémités (du serveur au commutateur). De
là à ce que les SAN IP empiètent réellement, cette fois, sur Fibre Channel, plusieurs questions restent en suspens : le surcoût lié aux cartes 10 Gbit/s et iSCSI ainsi que la capacité des serveurs à soutenir une telle bande
passante.

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Vincent Berdot