Depuis plus d’un mois, les habitués du grand hôtel feutré George V Four Seasons, à Paris, ont pu être surpris de voir certains clients se déplacer dans les salons, leur ordinateur portable à la main. Plus étonnant encore, ces clients surfent sur internet à haut débit, relèvent leurs e-mails ou écoutent de la musique en ligne, sans fil. L’hôtel expérimente-t-il les derniers équipements UMTS de quelque grand constructeur ? Pas du tout. Il fait simplement office de site pilote en France pour le déploiement d’une technologie encore méconnue du grand public, le Wireless LAN.À la base du Wireless LAN (LAN pour Local Area Network, soit réseau local sans fil), on trouve une technologie de transmission de données par ondes radio ?” dite 802.11b pour les initiés ?” finalement très simple. “ La mise en place d’un réseau haut débit sans fil à base de “Wireless LAN” est très peu coûteuse, explique Bruno Mathis, spécialiste télécoms chez PA Consulting. Une borne d’émission permettant de couvrir un rayon de 500 mètres est vendue 500 euros [environ 3300 francs]. Chaque personne désirant se connecter au réseau doit se munir d’une carte à enficher dans son PC qui fait office de modem et qui coûte environ 100 euros.” Le débit d’une seule borne est de 11 mégabits par seconde (Mbit/s) en théorie, et en pratique de 5 Mbit/s, soit 10 fois plus qu’une ligne ADSL (internet rapide par le fil du téléphone).
Hommes d’affaires nomades
Compte tenu des faibles investissements nécessaires, de nombreuses start-up se sont rué sur le Wirelesss LAN, principalement aux États-Unis. La chaîne de cafés branchés Star Bucks a ainsi été équipée par la société Mobile Star. Près de 500 établissements proposent à leurs clients de surfer sans fil 200 minutes par mois pour 15,95 dollars (18,1 euros). De son côté, la start-up Wayport a équipé plus d’une dizaine d’aéroports et quelque 420 hôtels aux États-Unis. “ Le public, ce sont les hommes d’affaires en déplacement qui veulent une connexion rapide à internet pour consulter leurs e-mails ou se connecter à l’intranet de leur société. Les lieux dans lesquels la technologie a tout son sens sont donc les aéroports, les hôtels, les parcs de congrès“, commente Bruno Mathis.C’est justement Wayport qui a équipé le George V à Paris. “ Pour nous, cela a vraiment été très simple, explique Hervé Philippoteaux, directeur informatique de l’hôtel. Wayport a fourni le matériel et s’est chargé de l’installation. Nos clients disposent d’un accès classique filaire dans leurs chambres et d’un accès sans fil dans les salons, près du bar et dans la boutique. Pour accéder au service, ils doivent soit être déjà abonnés [49,95 dollars par mois, ndlr] soit indiquer leur numéro de carte bancaire en ligne pour disposer d’un accès immédiat.” Financièrement, les deux partenaires y trouvent leur compte : Wayport facture directement les clients et reverse environ 40 % des revenus à l’hôtel. La formule semble avoir trouvé son rythme : 10% des clients de l’hôtel utiliseraient les services de Wayport (dans les chambres et les parties communes) chaque mois. “ Pour nous, ce n’est qu’un test, précise Bruce Rudy, directeur Europe de Wayport. Nous n’avons équipé que Paris, Prague, Dublin et bientôt Berlin car les réglementations varient d’un pays à l’autre.“
En Europe, le Nord surtout
Car si le Wireless LAN peut paraître simple et peu coûteux lors de sa mise en ?”uvre, des problèmes techniques ont freiné son développement en Europe. En France, cette situation pourrait se débloquer puisque l’Autorité de régulation des télécommunications (ART) prépare une consultation publique sur le sujet. Ces difficultés expliquent en partie que, fin 2000, pour 1 170 points d’accès aux États-Unis, on n’en dénombrait que 250 en Europe . La plupart d’entre eux se situent bien loin de nous, en Scandinavie essentiellement. Telia (via sa filiale Home Run) et Telenor disposent de 100 points d’accès environ chacun. La start-up israélienne Tadlys est, elle, en négociation avec un important opérateur européen pour l’implantation d’une solution Wirelesss LAN dans un centre commercial. En Europe, ce sont surtout des opérateurs télécoms qui ont pris position. “ C’est purement défensif, indique Ross Parsons, consultant spécialisé sur le sujet pour le cabinet d’études BWCS. Nous estimons que le “Wireless LAN” pourrait représenter près de 12% du marché du transfert de données sans fil en 2006. C’est autant de manque à gagner pour l’UMTS. Une combinaison GPRS et “Wireless LAN” peut très bien couvrir les besoins des hommes d’affaires.“Toutefois, les modèles d’affaires ne sont pas encore vraiment au point. Mobile Star, qui équipe les cafés Star Bucks, s’est déclaré en cessation de paiement et pourrait être repris par Voice Stream, filiale mobile américaine de Deutsche Telekom. L’autre problème réside dans le roaming, c’est-à-dire la possibilité pour un client voyageant d’un pays à un autre d’utiliser les réseaux de plusieurs opérateurs. La start-up belge Excilan crée en ce moment une plateforme mondiale facilitant les accords de roaming entre opérateurs. Elle devrait ouvrir en mars 2002 selon Cornelis Lodewijk, CEO de la société. Pour y participer, les opérateurs devront verser une cotisation annuelle qui leur ouvrira les portes des réseaux de tous les adhérents d’Excilan. À ce moment-là, le Wirelesss LAN pourrait devenir un concurrent sérieux de l’UMTS.
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