“ Opérer une place de marché ce n’est pas notre métier mais il était indispensable de pouvoir proposer des solutions d’achat en ligne à nos entreprises clientes“, explique Arnauld Meric de Bellefon, directeur des technologies et internet à la Banque fédérale des Banques populaires. Quitte à y mettre le prix. Le groupe bancaire vient de prendre 34 % d’Avisium, en apportant 13 des 18 millions d’euros (85 des 120 millions de francs) de son second tour de table. Les investisseurs historiques de la place de marché destinée aux achats non stratégiques des entreprises, les fonds Apax Partners, Advent International et BBS ont ajouté 5 millions d’euros aux 10 millions injectés lors du premier tour de table, en juin 2000. Avisium se retrouve donc valorisé à près de 39 millions d’euros.
Un tandem éprouvé
Ce tandem entre un groupe bancaire et une place de marché n’est pas une nouveauté. En ligne depuis novembre 2000, Answork est contrôlée à 75 % par le trio Société générale, BNP Paribas et Crédit agricole. De son côté, le Crédit lyonnais a fait cavalier seul en lançant Seliance, en avril 2001. La synergie attendue de ces associations tient principalement à la force de frappe commerciale des grands réseaux bancaires.Dès le début de 2002, les Banques populaires commercialiseront le service d’achat en ligne d’Avisium sous leur propre marque dans certaines de leurs 2 145 agences, s’assurant aussi l’exclusivité sur le paiement et le financement des transactions. Dans le même temps, le réseau bancaire va créer sa propre structure d’approvisionnement en ligne en utilisant la plateforme technologique d’Avisium. “ D’ici à 2004, dix-huit de nos trente caisses régionales vont complètement renouveler leurs systèmes d’information. C’est un facteur facilitant pour étendre à tout le groupe ce principe de dématérialisation des commandes“, indique Arnauld Meric de Bellefon.Ces développements internes ont d’ailleurs été l’occasion de la prise de contact avec Avisium, qui avait remporté en mai un appel d’offres lancé par le groupe bancaire. L’association a évolué naturellement vers une entrée du banquier au capital de la société, trois mois plus tard. Même si du côté d’Avisium, Thierry Gadou, PDG, met en avant la présence des Banques populaires sur “ tous les segments de la finance d’entreprise, y compris les plus grandes avec Natexis“, il faut bien avouer que les opportunités d’association n’étaient plus nombreuses. “Nous allier à une autre banque ne nous paraissait pas satisfaisant, nous avons donc éliminé Seliance et Answork. Restait le choix entre Achatpro et Avisium. Même si une de nos branches régionales, la Bred, avait investi 1 million d’euros dans Achatpro, ses choix technologiques étaient incompatibles avec les nôtres“, explique Arnauld Meric de Bellefon.
La tentation du leadership
En effet, Avisium s’est doté d’une infrastructure SAP, pour laquelle elle a dépensé environ 7 millions d’euros, sur les 10 réunis en juin 2000, lors de sa première levée de fonds. “Le créneau est gourmand en capital, reconnaît Thierry Gadou. Mais la plus grosse partie de ces investissements est aujourd’hui derrière nous. ” Les fonds levés au second tour devraient donc être consacrés au marketing et à une possible internationalisation. Étant donné l’importance de la somme levée, une acquisition n’est pas écartée, “ dans la mesure où elle nous permettrait d’obtenir un leadership“, admet-il. Priorité reste pourtant à la rentabilité, prévue pour le deuxième semestre 2002, avec en ligne de mire une éventuelle introduction en Bourse.Mais si la synergie stratégique avec les Banques populaires fait dire à Thierry Gadou que la récente opération est “ un peu plus qu’une levée de fonds“, elle ouvre aussi la porte à une éventuelle prise de contrôle par le groupe bancaire. Dès lors, le nouveau tandem serait point par point identique à ceux montés par la concurrence.
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