Dans le but d’accélérer le développement de nouvelles thérapeutiques, IBM, l’AFM (Association française contre la myopathie) et Génomining, une jeune société de bio-informatique située à Génopole, ont eu l’idée de construire le plus gros ordinateur virtuel au service de la recherche biologique, selon le concept du Grid, ou grille de calcul.Grâce à 100 000 ordinateurs de particuliers contribuant chacun à 10 heures de calcul, chaque participant a mis à la disposition des chercheurs la puissance de calcul inutilisée de leur machine. Pour recueillir les résultats dans une base de données avec un seul ordinateur, 417 000 jours de calcul, soit 1140 années, auraient été nécessaires au lieu de quelques mois.Cet exemple démontre bien la puissance inégalée du Grid, qui fait de plus en plus d’adeptes. L’idée est simple : les ordinateurs dispersés dans le monde entier ne sont pas utilisés au maximum de leurs possibilités. Pourquoi donc ne pas fédérer la puissance de calcul de tous ces ordinateurs, comme s’il s’agissait d’une seule et gigantesque machine, afin de répartir la charge applicative sur un réseau. Les scénarios possibles sont nombreux (calculs, partage d’applications, etc.) et aucun Grid ne ressemble à un autre.Mais s’il est séduisant, ce concept n’est simple qu’en apparence. Sa complexité tient à de nombreux facteurs, tels que la gestion du nombre de détenteurs de ressources ou du nombre de sites reliés à la grille, tous les calculs ne pouvant s’effectuer simultanément sous peine d’un ralentissement des performances. La solution mise au point doit donc être capable d’affecter des tâches à chacun des postes disponibles, de rassembler ensuite les résultats, bien entendu de manière sécurisée, car le Grid est une cible formidable pour les pirates.
Séduisant pour les entreprises
En dépit de ces problèmes à résoudre, le concept (souvent réservé aux centres de recherche ayant besoin de puissance de traitement) commence pourtant à séduire l’entreprise. Une grille de calcul permet en effet de diminuer la facture globale grâce à la démultiplication des capacités de stockage et de traitement délocalisés.L’augmentation du trafic sur le web et l’explosion du nombre de périphériques et des bases de données reliées les unes aux autres exigent, par ailleurs, un renforcement des capacités de traitement informatique. Plutôt que d’acheter de la puissance de calcul, les entreprises peuvent ainsi optimiser leurs budgets.“Cependant, les bénéfices immédiats ne sont pas encore évidents pour les entreprises. La question de la sécurité est omniprésente et la technologie est encore jeune. Mais nous pensons que le Grid va croître en entreprise de 300 % d’ici à 2003. Le Grid n’est pas seulement important, il est inévitable”, prévoit Wolfgang Gentzch, directeur du Grid Computing chez Sun.En France, EDF et EADS se sont déjà lancés et expérimentent la technologie pour le partage des applications et des logiciels.Conscients de ce potentiel, les éditeurs s’engouffrent dans la brèche, et déploient des outils pour la mise en ?”uvre d’une grille de calcul.Le plus célèbre et, certainement, le plus abouti, est le projet Globus mis au point par l’université d’Argonne, en Californie. Il a l’avantage d’intégrer un protocole de transfert de données fiabilisé et optimisé pour les réseaux hautes performances (GridFTP). De nombreux constructeurs, tel IBM, soutiennent ce projet. Ce dernier va même adapter ses produits pour qu’ils puissent tourner avec Globus, comme WebSphere.Citons également Platform Computing, soutenu par Compaq, pour la mise en ?”uvre d’un Grid Computing Program, capable de proposer aux entreprises des services d’installation et d’entretien de leurs grilles ou Avaki, avec son modèle Secure Grid Naming.
Grid et services web font bon ménage
De son côté, Sun encourage le Sun Grid Engine Enterprise Edition (SG3E) très orienté entreprise. Le logiciel détermine quelles sont les machines disponibles sur le réseau pour leur affecter des calculs, et permet aussi à des groupes de travail de s’organiser.Sun va même plus loin en proposant SG23E avec SunOne et iPlanet dans une suite (Technical Computer Portal), rapprochant clairement les services web du Grid. Une tendance qui se confirme, puisque Microsoft a investi un million de dollars dans Globus pour qu’il soit compatible avec Windows XP et sa plate-forme de développement de services web .NET.En fait, sur ce secteur, l’un des plus importants travaux actuels reste l’Open Grid Services Architecture (OGSA) qui vise à combiner la technologie des services web à celle du Grid Computing. D’ailleurs, la dernière version du Globus Toolkit, Open Grid Services Architecture, regroupe un certain nombre d’outils standards en open source, basés, par exemple, sur XML ou Soap. Reste à convaincre les entreprises, le Grid Computing n’étant finalement encore qu’un concept qui n’a pas trouvé son modèle économique.
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