Un stéthoscope légèrement trafiqué, un micro et une entrée jack. C’est tout ce qu’il faut à un jeune chercheur américain pour répondre à son portable en grattant de l’ongle sa poche de pantalon.
Chris Harrison, doctorant à l’université de Carnegie Mellon et spécialiste de l’interaction homme-machine, est un digne descendant de MacGyver. Et en plus, il a les pieds sur terre. « S’il était produit en grande quantité, ce capteur pourrait coûter moins d’un dollar », affirme-t-il dans une interview donnée à notre confrère Wired.
Baptisée Scratch Input, son invention est une nouvelle piste dans le domaine de l’interaction entre nous et tous les gadgets électroniques qui nous entourent. Dans ce cas, c’est la fréquence du son émis par un ongle grattant une surface – à peu près toutes sauf le verre – qui est mise à contribution.
Le chercheur et ses collègues ont modifié un stéthoscope qu’ils ont attaché à un micro chargé de convertir le son en signal électrique qui est ensuite analysé par un ordinateur. Chris Anderson table sur le fait qu’un ongle qui racle une surface produit un son d’une fréquence entre 6 000 Hz et 13 000 Hz, facile à distinguer de la plupart des autres sons dont les fréquences sont plus basses.
Mais ce n’est pas tout. Scratch Input est aussi capable de faire de la reconnaissance gestuelle puisqu’on peut lui apprendre à reconnaître la signature acoustique d’une lettre que l’on trace avec l’ongle. Il devra encore progresser dans ce domaine car beaucoup de lettres, comme le M et le W, émettent des sons très similaires.
Engouement pour le tactile
« Scratch Input coïncide avec l’essor du tactile en général, réagit Anatole Lécuyer, chercheur à l’Inria et spécialiste des interfaces cerveau-ordinateur. Dans le cadre du projet OpenViBE, il travaille sur le contrôle de l’ordinateur par la pensée. Mais c’est une piste intéressante et innovante car, dans ce cas, on capte un son émis par l’utilisateur pour lui permettre de contrôler la machine. »
Il fait remarquer que l’invention de Chris Anderson a fait l’objet d’une publication par l’ACM (Association for Computing Machinery) lors de son symposium consacré aux interfaces utilisateurs, gage de crédibilité scientifique. « Cela signifie que cette technologie a été jugée particulièrement innovante. »
Pour sa part, l’Inria s’intéresse beaucoup au tactile et en particulier au retour tactile ainsi qu’au retour d’effort. Dans le monde industriel, cela permet à Airbus de faire de la simulation de réparation sur des maquettes virtuelles d’avions. Ainsi, le manipulateur peut littéralement sentir le poids des pièces. Pour le grand public, ce sera la possibilité, bientôt, de tâter un tee-shirt avant de l’acheter sur Internet.
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