Il y a trois ans ?” sous l’influence des lobbyings d’Intel et surtout de Microsoft ?”, nombreux étaient les observateurs à considérer que le PC allait en très peu de temps s’installer dans les
salons et gérer toutes les fonctions dites grand public à partir d’une unité centrale et d’appareils périphériques informatiques. Il devait suffire de peindre ces appareils dans une autre couleur que le beige pour faire croire que le
PC et ses périphériques avaient leur place dans le salon.Cette conception s’avère aujourd’hui à côté de la plaque pour plus de 85 % du public, et cela pour deux raisons très simples : elle nécessite l’achat d’un nouvel appareil coûteux, le PC, ce qui
apparaît totalement inutile à ceux qui veulent simplement regarder la télévision ou écouter un CD, comme ils l’ont toujours fait. Et elle suppose que le public soit prêt à changer ses habitudes, et en particulier à accepter une certaine
interactivité au salon, ce qui n’est pas le cas.Notons que les réticences évoquées lors de l’apparition du concept de PC de salon ?” à savoir le bruit gênant d’un PC, la soumission aux logiciels de Microsoft, à leur coût, et à leurs bogues, le temps de mise en
route, la nécessité de maîtriser l’utilisation de logiciels et/ou de modes d’emploi complexes, l’indispensable compatibilité d’appareils qui ne sont pourtant pas forcément destinés à avoir la même durée de vie,
l’éventuelle sensibilité à des virus pour tout ce qui est connecté à l’extérieur ?” n’apparaissent même pas obligatoirement en première ligne des raisons du rejet.
Guerre entre PC, grand public et radiotéléphone
Aujourd’hui, la fièvre du ‘ media center ‘ est retombée. Triomphent par contre le radiotéléphone multimédia, le grand écran plat, les boîtiers-décodeurs de tous poils, l’enregistreur-lecteur de
DVD, les installations audio 5.1 et, toujours, les consoles de jeux. Autant d’appareils indépendants qui peuvent être remplacés individuellement sans remettre en cause toute l’architecture d’une installation de salon.Dans ce contexte, le PC grand public vit sa vie, séparément, normalement installé dans une autre pièce car il est devenu une station de travail au sens littéral du terme : souvent, ce n’est plus désormais qu’un
complément utile à l’installation du salon puisqu’il permet entre autres de préparer certains CD ou DVD personnalisés, mais aussi de monter des films ou de traiter des photos numériques qui seront un jour… imprimées ou perdues
(dans 85 % des cas). Une telle ‘ station de travail personnelle ‘ (ou PC grand public) reste un produit extrêmement important, au marché considérable, mais ce ne sera plus à l’avenir qu’un produit du
foyer parmi d’autres, peut-être moins important dans l’esprit du public que le futur smartphone, objet nomade encore plus personnel, appelé, lui, à une évolution phénoménale.Dans deux ans, il y a fort à parier que les PC seront semblables aux modèles actuels, en plus rapide et en plus silencieux. A l’inverse, on n’imagine pas encore ce que seront le ou les smartphones de 2006 tellement le
concept évolue vite. On est sûr en outre que les téléviseurs auront changé d’écran… en attendant d’en changer encore ultérieurement car les progrès sont rapides. Il est certain que, d’ici là, la TVHD sera arrivée, de même
que les caméscopes TVHD et les DVD haute densité. La possibilité de voir des programmes TV avec quelques minutes de retard sera sûrement connue du public… ce qui l’incitera à acquérir le matériel adapté.Pour ceux qui veulent miser aujourd’hui sur les produits en forte croissance, il n’y a pas photo : le PC est devenu un produit mature, presque aussi mature que l’a été le téléviseur pendant trente ans. Alors
que, en grand public, trois ou quatre générations sont encore à venir pour chaque type de produit avant que nous soyons blasés !Notons tout de même que cette poussée du grand public ne veut pas dire que les jeux soient faits entre les acteurs de l’informatique, du grand public et des radiotéléphones : chacun peut encore aller empiéter sur les
plates-bandes des autres. Il va y avoir du sel dans l’aventure qui s’est engagée.* Directeur de la rédaction d’Electronique International Hebdo
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