La télévision sur un téléphone mobile n’est pas une chimère. Elle existe déjà de façon concrète. Orange et SFR proposent ainsi à leurs abonnés à la téléphonie 3G de visionner des chaînes de télévision en direct. Orange revendique
d’ailleurs un catalogue de 50 programmes.Mais, de l’avis de tous les acteurs du marché, l’avenir de la télévision sur un récepteur mobile, que ce soit un téléphone, un téléviseur de poche ou un PDA, ne passe pas par les réseaux UMTS actuels, peu adaptés à une diffusion en
masse. Le futur de ce marché passe par le déploiement d’un réseau d’antennes propre, comme c’est le cas pour la TNT.Dans ce cadre, le Premier ministre, Dominique de Villepin, s’est fait remettre vendredi 26 août un rapport, rédigé par Daniel Boudet de Montplaisir, intitulé ‘ Télévision numérique et
mobilité ‘, afin de connaître les conditions nécessaires au déploiement à grande échelle de la télévision sur les appareils portables. A la remise du document, le Premier ministre a indiqué que ‘ le
gouvernement encouragera les expérimentations destinées à en faciliter le succès auprès d’un large public ‘. L’équipe Raffarin avait déjà, sous
l’impulsion de Patrick Devedjian, alors ministre délégué à l’Industrie, invité tous les acteurs concernés à se concerter au sein du forum de la télévision mobile.Le rapport préconise un lancement commercial entre la fin de 2006 et 2008, ‘ vraisemblablement de manière progressive et limitée au démarrage aux plus grandes agglomérations ‘. Et pointe le
nombre de barrières qui se dressent encore sur le chemin de cette nouvelle forme de diffusion de la télévision, avant un déploiement massif.
Pléthore de standards…
Les industriels n’ont pas attendu ce coup de pouce gouvernemental pour lancer des expérimentations, sous l’égide du CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel). Deux pôles ont été constitués, regroupant d’un côté Towercast-SFR-Nokia-Canal+
et, de l’autre, TPS-Orange-Bouygues Telecom-France Télécom. Dans les deux cas, c’est la norme DVB-H (Digital Video Broadcasting Handheld) qui a été retenue. Cette déclinaison mobile du DVB-T, utilisé pour la télévision numérique
terrestre (TNT), est également testée dans d’autres pays d’Europe, comme la Finlande, l’Allemagne ou l’Espagne.La rentrée verra une accentuation des
expérimentations sur le terrain. A la mi-septembre, Towercast et ses partenaires vont ainsi mener un test grandeur nature auprès de 500 utilisateurs, qui accéderont à
14 chaînes de télévision en direct, ainsi qu’à des radios numériques comme NRJ.Mais si le DVB-H tient aujourd’hui la corde, les industriels pourraient aussi regarder de près d’autres normes, tel le T-DMB (Terrestrial Digital Multimedia Broadcasting) déjà déployé commercialement en Corée du
Sud. Bouygues Telecom et Orange indiquent qu’ils vont étudier cette technologie.L’américain Qualcomm, lui, pourrait venir brouiller un peu plus les cartes, en poussant sa technologie ?” baptisée ‘ FLO ‘
(Forward Link Only) ?” aux Etats-Unis mais
aussi en Europe. Autre candidate, la norme S-DMB, également utilisée par la Corée du Sud, qui s’appuie sur la diffusion satellitaire et dont Alcatel est un promoteur sur le Vieux Continent. La société lyonnaise VDL a déposé une demande auprès du CSA
pour l’expérimenter.
… et recherche de fréquences
Selon le rapport Boudet, le développement de la télévision sur mobile va se heurter à une autre difficulté : celle de la disponibilité des fréquences. A titre d’exemple, la bande UHF (utilisée par les chaînes de télévision
nationales) ?” la mieux adaptée au DVB-H ?” est très encombrée. Une solution : utiliser le multiplexe R5, réservé à l’origine pour des chaînes de télévision locales et publiques sur la TNT et à ce jour inexploité. Mais cette
bande de fréquences pourrait aussi servir aux futurs services de télévision haute définition. La bande VHF, elle, est plutôt destinée à la norme T-DMB, et, pour le moment, partiellement utilisée par Canal+ pour de la diffusion analogique. Un
véritable casse-tête… ‘ Si la situation actuelle permet des expérimentations à couverture réduite, c’est la recherche des fréquences qui apparaît aujourd’hui comme l’étape limitante de tout projet d’envergure ‘,
considère Daniel Boudet de Montplaisir.‘ Il est bien de tester mais il faut ensuite procéder à des choix clairs, estime Florence Le Borgne, responsable des activités médias de l’Idate. Il importe que le gouvernement décide
rapidement de la technologie, et des fréquences affectées. ‘ Au risque de voir le dossier s’enliser, comme ce fut trop longtemps le cas de la TNT.Autant de complications qui poussent Daniel Boudet de Montplaisir à préconiser la mise en place de groupes de travail sur les technologies de diffusion et les bandes de fréquence, qui remettraient leurs conclusions dans le courant de
l’année 2006. De plus, selon le rapport, les choix français devront ‘ s’effectuer de manière coordonnée avec les principaux pays européens ‘, notamment pour abaisser les coûts de production des
équipements et des terminaux.
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