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Silicon Valley Bank : l’administration Biden sauve la Silicon Valley… mais pas la banque

Les régulateurs américains ont déclaré que tous les déposants de la Silicon Valley Bank, dont font partie bon nombre de fondateurs de start-up, auraient accès à leur argent ce lundi, malgré la faillite de la banque : un soulagement pour l’ensemble de la tech qui éloigne pour l’instant la menace d’une vague de licenciements.

Après un week-end chaotique, la tech peut à nouveau respirer. Les régulateurs américains ont finalement décidé de protéger les déposants de la Silicon Valley Bank (SVB). Cette banque, peu connue du grand public, est un acteur clef de l’écosystème de la tech aux États-Unis. Certes, celle qui a fait faillite vendredi 10 mars, et qui est désormais sous tutelle de la FDIC (l’agence fédérale qui garantit la sécurité des dépôts bancaires) en attendant un racheteur, sera bien démembrée. Mais les déposants – souvent des fondateurs de start-up, des entrepreneurs ou des fonds d’investissement – vont bien retrouver l’ensemble de leurs dépôts.

Les autorités de régulation américaines ont en effet déclaré, dans un communiqué commun publié dimanche 12 mars, que les déposants de la Silicon Valley Bank seraient intégralement remboursés. En d’autres termes, les clients vont pouvoir récupérer tout l’argent qu’ils y avaient déposé – alors qu’il n’était question, jusqu’à présent, que de récupérer 250 000 dollars par déposant, un montant garanti par la loi.

Le risque d’une vague de licenciements dans ce secteur s’éloigne

Ce soutien inattendu éloigne donc le risque de voir les licenciements se multiplier dans la tech. Car la banque stockait l’argent de nombreuses start-up récupéré lors de levées de fonds. Cet argent leur permettait de payer les salaires, de régler les factures immédiates et d’investir, en attendant d’atteindre un seuil de rentabilité. Et bien souvent, la somme déposée allait bien au-delà des 250 000 dollars. Fin 2022, les dépôts de la SVB s’élevaient à 175 milliards de dollars.

Or, si ces sommes n’avaient pas pu être récupérées, de nombreuses start-up n’auraient tout simplement pas pu payer leurs salariés – ce qui se fait souvent par quinzaine aux États-Unis. Et avec le 15 mars s’approchant à grand pas, date du prochain paiement des salaires, la panique avait soufflé sur tout le secteur pendant le week-end. Mais dimanche 12 mars dans l’après-midi, le monde de la tech a été d’abord rassuré par la secrétaire d’État Janet Yellen qui a expliqué vouloir aider les déposants, excluant néanmoins un renflouement des banques, comme cela avait été fait lors de la crise financière de 2008.

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C’est ensuite un communiqué commun de Janet Yellen, du président de la banque centrale américaine, Jerome Powell, et du président de la FDIC, publié quelques heures plus tard, qui a éloigné, du moins pour un temps, le risque de propagation de cette faillite à l’ensemble de la tech et du système financier. Ont notamment été présentées un ensemble de mesures destinées à rassurer les clients de SVB sur la sécurité de leur argent, dont cette « exception de risque systémique » spécialement créée, qui revient à garantir jusqu’à 100 % des sommes déposées.

Le choix de soutenir les déposants, mais pas les actionnaires

Les régulateurs opèrent une distinction entre les déposants – les clients de la banque bénéficiaires de ces mesures – et les actionnaires qui, eux, ne font pas partie du plan de soutien. Ils ont aussi précisé qu’« aucune perte liée à la dissolution de la Silicon Valley Bank ne sera supportée par le contribuable ». De son côté, Joe Biden s’est félicité que son équipe « soit parvenue à une solution rapide qui protège les travailleurs américains et les petites entreprises, et qui préserve la sécurité de notre système financier » sans pour autant que « l’argent des contribuables ne soit mis en péril », rapporte le Financial Times, lundi 13 mars.

Il s’agit de la deuxième plus grande faillite bancaire de l’histoire des États-Unis, provoquée par un enchaînement d’événements. La banque, qui a investi dans des obligations garanties par le gouvernement américain, comme les bons du Trésor – normalement des placements peu risqués, sauf en cas de hausses des taux directeurs – a d’abord annoncé des pertes importantes.

La banque centrale américaine n’a eu de cesse de relever ses taux ces derniers mois, ce qui a fait chuter la valeur de ces obligations. Résultat, suite à ses pertes, son cours s’est effondré à la Bourse. Mais ce sont surtout les conseils d’investisseurs particulièrement suivis de la tech, comme Peter Thiel, qui sont venus sceller le sort de la SVB. Ce dernier aurait conseillé aux entreprises de retirer leur argent de la banque. Conséquence, toutes les start-up se sont précipitées pour récupérer leurs dollars, et la SVB n’a pas pu faire face à cette vague de demandes de retraits… conduisant inévitablement à sa faillite. 

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Source : Communiqué commun du dimanche 12 mars des régulateurs américains


Stéphanie Bascou