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Le géant chinois Huawei veut être un acteur de la 5G en France

Banni de plusieurs pays dont les Etats-Unis, le géant chinois est aussi visé dans notre pays par un durcissement des contrôles des équipements télécoms. Il se défend.

Huawei contre-attaque. Le géant des télécoms tente d’éteindre le feu allumé par les Etats-Unis qui l’accusent d’espionnage pour le compte de l’Etat chinois. Le problème est que la méfiance a gagné de nombreux pays et que même la France parle désormais de durcir les contrôles des équipements télécoms dans le cadre de la future 5G qui poseraient soudainement des problèmes de sécurité nationale.
Officiellement, personne n’est visé. Mais, officieusement tout le monde a compris que le gouvernement voulait se prémunir de potentielles interceptions téléphoniques chinoises en limitant l’emprise de Huawei sur notre territoire.

En réaction à ce climat international hostile, le fondateur du groupe, Ren Zhengfei, a consenti à sortir de son habituelle réserve pour accorder quelques interviews à des médias anglo-saxons au mois de janvier dernier. Une grande réception a également été organisée la semaine dernière à Bruxelles à destination des institutions européennes. Un centre de transparence va également être inauguré d’ici peu dans cette même ville.

Une société normale

Le patron français de Huawei, Weiliang Shi, vient, lui, de prendre la parole dans Les Echos ce matin. « En seize ans, en France, nous n’avons jamais eu de problème de cybersécurité. Il s’agit d’un pays très important, où nous avons tissé des liens anciens. Nous allons continuer à y investir et nous participerons au déploiement de la 5G. Il n’y a aucune raison que nous en soyons exclus », déclare-t-il dans le journal. Plus loin, il assure que Huawei est une société « normale », indépendante du gouvernement chinois, qui appartient en totalité à ses employés.

Il fait remarquer également au passage que l’entreprise paye ses impôts en France, embauche 1 000 personnes dans notre pays et fait travailler de nombreux fournisseurs. Pour Weiliang Shi, il n’y a pas de doute. Si la France devait un jour exclure Huawei du marché de la 5G, ce serait surtout une mauvaise nouvelle pour les opérateurs mobiles qui n’auraient alors plus que deux fournisseurs au choix : Ericsson et Nokia. Les prix pourraient augmenter et les déploiements prendraient du retard. C’est probablement la raison pour laquelle Orange a choisi de faire aussi appel à Samsung pour réaliser des tests 5G dès cette année dans notre pays, comme le rapporte Reuters. Une grande première qui laisse peut-être présager l’arrivée d’un quatrième équipementier télécom en France.

Une petite victoire au Royaume-Uni

Huawei se réjouira en tous cas d’apprendre que le Centre de cybersécurité britannique (UK National Cyber Security Centre) vient de conclure finalement que les risques sur les futurs réseaux 5G étaient mesurés, d’après le Financial Times.
Il ne préconise donc absolument pas de l’évincer mais pourrait recommander de restreindre l’utilisation de ses équipements en fonction de leurs emplacements. Un chemin que semblent prendre la France et l’Allemagne.

Huawei compte enfin sur la tenue du salon Mobile World Congress, à Barcelone, pour mettre en avant ses arguments. Une grande conférence de presse concernant ses produits grands publics, et notamment ses smartphones, aura lieu ce dimanche. Elle sera suivie de multiples présentations et démonstrations 5G tout au long du salon, à destination des opérateurs comme des journalistes du monde entier. L’opération reconquête est en marche.

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Amélie CHARNAY