Aux oubliettes, l’imprimerie de Gutenberg. Démodé, le livre de poche. Ringarde, la bibliothèque de papa. Le livre du futur sera électronique : place à l’e-book ! Au dernier Salon du livre, dans les allées du village aménagé à sa gloire, on n’entendait parler que de lui.Ses apôtres ont bien réussi leur coup : l’insolent objet hight-tech a presque réussi à voler la vedette au bon vieux bouquin d’encre et de papier. Cytale, le premier e-book made in France, en a profité pour annoncer officiellement sa commercialisation en septembre prochain. Un défi lancé aux pionniers américains (lire encadré page ci-contre) qui s’apprêtent, dit-on, à envahir l’Europe.Grâce à son modem intégré, Cytale se connecte directement sur Internet pour y télécharger des ouvrages (livres, journaux, magazines). On peut ensuite les consulter en utilisant des boutons de défilement ou un stylet qu’on applique sur son écran tactile. En outre, un dictionnaire intégré donne directement accès à la définition d’un mot sélectionné.Au Salon du livre, les visiteurs ont découvert ce nouvel instrument qui les intrigue et les déroute. Ils ont même pu le manipuler dans une salle prévue à cet effet. Leurs impressions ? Mitigées. Un seul point fait l’unanimité : le prix du Cytale (entre 3 500 et 4 000 francs) est jugé prohibitif. Et si c’était moins cher ? “J’y verrais surtout un nouvel instrument de travail pour les travailleurs itinérants, explique Pierre Rimbaud, un conseiller en stratégie de communication de passage au Salon. C’est idéal pour stocker ses archives personnelles et les documents techniques que l’on peut avoir à consulter lorsqu’on se trouve chez un client.”
Déroutant pour les uns…
Mais dans e-book, il y a book, non ? ” On ne réussira pas à me convaincre que la lecture sur un écran est naturelle, confie Virginie Goby, une étudiante. Je travaille sur un ordinateur, mais quand je veux lire des textes, je les imprime. C’est peut-être un réflexe, mais c’est aussi une question de confort de lecture. Je crains aussi que le livre électronique soit plus fatigant pour les yeux qu’un bouquin traditionnel. “Sylvie Chokroun, graphiste, n’est pas plus emballée. Elle reproche au Cytale son manque d’ergonomie. Son amie, Amélie Blaise, une professionnelle du design partage son avis. Elle ajoute : “La petite taille du Rocket e-book, concurrent de Cytale, permet de conserver des rapports voisins de ceux qu’on entretient avec un livre traditionnel. Le Cytale est trop gros !”
… novateur pour les autres
Des visiteurs séduits ? Il y en a aussi ! “L’intérêt de Cytale, c’est son écran rétroéclairé, estime Michel Delarbre, producteur multimédia. Ça me permettrait de lire dans l’obscurité. C’est tout bête, mais quand ma femme s’endort, je suis obligé d’éteindre la lumière et je ne peux plus lire.”” On peut aussi agrandir les caractères. Adapter le contenu d’un livre à ses capacités visuelles, c’est nouveau “, s’étonne un autre visiteur apparemment conquis. ” Moi aussi, j’y crois, renchérit Laurent Piétroni, étudiant et… enthousiaste, cela m’éviterait d’avoir à transporter une tonne de romans quand je pars en vacances ! “” Moi qui suis allergique à l’ordinateur, confie Nicole Foret, retraitée, je trouve que le livre électronique de Cytale est très simple d’emploi. Je n’ai plus à tourner les pages, les textes sont très lisibles. Si seulement il était moins lourd ! “Bref, on est encore loin de la révolution annoncée. A vrai dire, personne ne peut prédire quel sera le succès du livre électronique. Même pas les éditeurs. L’un d’eux, Bibliopolis, participe à la création d’un Observatoire des lectures électroniques, sous la direction du CNRS. Objectif : tenter de préciser les usages qui pourraient en être fait. L’e-book peut-il contribuer à alléger les cartables des écoliers ? Devenir une bibliothèque portable à l’usage de l’homme d’affaires en vadrouille ? Ou, plus simplement, rejoindre la galerie d’objet high-tech des familles les plus branchées ?
Des évolutions à venir
Une centaine d’e-book seront mis en circulation auprès d’un échantillon de lecteurs. “Nous leur demanderons s’ils se contentent de l’utiliser en tant que simple outil de lecture, explique Jean-Gabriel Ganascia, qui dirigera l’observatoire mis en place par le CNRS. En fonction des réponses, nous proposerons d’inclure des fonctions supplémentaires, comme un utilitaire de reconnaissance de l’écriture manuscrite.” On aura alors une idée plus précise de l’avenir de cet instrument.
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