Dans un système boursier japonais arriéré et qui est entré dans une véritable phase de déclin, l’innovation financière n’est pas toujours récompensée. L’expérience récente de Sony en est une nouvelle démonstration. Première entreprise nipponne à émettre une action reflet (qui permet de valoriser une filiale, indépendamment de la maison mère, qui en garde toutefois le contrôle) à la Bourse de Tokyo, mercredi 20 juin, Sony a subi de plein fouet la désaffection des investisseurs pour les valeurs internet.
Le géant japonais n’est pas à l’abri des risques
L’action reflet de Sony Communication Networks (SCN), le fournisseur d’accès à internet (FAI) du groupe, a ainsi dégringolé jusqu’à perdre 18 % lors de son introduction à la Bourse de Tokyo. Le géant japonais des produits électroniques n’a réussi à lever que 10,1 milliards de yens (95 millions d’euros). Pour l’exercice fiscal clos le 31 mars, le fournisseur d’accès a enregistré un chiffre d’affaires de 25 milliards de yens grâce à une base de clientèle d’1,49 million d’abonnés. Son capital est actuellement réparti entre plusieurs autres filiales du groupe, dont Sony Entertainment, qui en contrôle 40 % des actions, et offre des contenus en ligne non exclusifs, par son biais.En début de semaine, lundi 25 juin, le titre Sony Communications Networks valait 2 850 yens, soit 100 yens de moins qu’en clôture le vendredi précédent, avec 23 800 titres échangés et 69 millions de yens de volume. L’échec relatif de l’introduction de l’action ” reflet ” n’a pas pénalisé le titre de la maison mère Sony Corp, qui a connu depuis quelques soubresauts. Pourtant, le géant japonais de l’électronique n’est pas à l’abri des risques. La console Playstation 2, qui représente 30 % de son chiffre d’affaires et qui est appelée à devenir un vecteur d’accès à internet, pourrait souffrir de l’arrivée prochaine de sa concurrente, la X Box, une plateforme de jeux élaborée par Microsoft.Le concept de l’action ” reflet ” très prisé aux États-Unis, et expérimenté à petite dose sur le Vieux Continent (Alcatel par le biais de sa filiale Optronics est le précurseur français) n’a pas séduit les marchés asiatiques. Pourtant, ce nouveau véhicule d’investissement offre plus d’un attrait. Une action ” reflet ” permet à un investisseur de suivre les performances d’un secteur d’activité particulier d’une société aux activités diversifiées. Une action ” reflet ” fait en effet l’objet d’une cotation en Bourse séparée. Cela permet d’investir sur un segment bien précis d’un mastodonte industriel. D’où une visibilité (perspectives de bénéfices) théoriquement plus forte. En revanche, ce type d’action ne confère aucunement un droit de vote sur la société mère.
Doutes sur le fournisseur d’accès de Sony ?
Mais à propos de Sony, une question se pose désormais : est-ce la nouveauté du placement qui a dérouté les investisseurs domestiques ? Ou s’agit-il des doutes qui entourent les qualités intrinsèques et les fondamentaux de son fournisseur d’accès ? Force est de constater que cest la complexité du produit qui a intimidé les candidats à se presser au portillon.
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