Avec Western médiatique, Benoît Delmas et Eric Mahé viennent de publier a un livre simple et grave où, avec humour, ils décrivent les menaces qui pèsent sur le cinéma français. Celui-ci a longtemps vécu dans un cadre habilement protectionniste, où des systèmes de préfinancement et de prévente des films permettaient aux auteurs de tourner. Ce fut d’abord le Centre national de la cinématographie (CNC), qui joua le rôle du protecteur avant que ce ne soit Canal Plus. Or, le jour où André Rousselet en quitta la tête en clamant “Edouard [Balladur] m’a tuer“, il ne mesurait pas combien sa mort symbolique annonçait celle de la chaîne qu’il avait créée. Affaiblie par ses déboires dans le sport, elle n’est plus qu’un élément de la stratégie de Vivendi, la société de services dont Jean-Marie Messier a fait une entreprise de médias. Et cette stratégie passe par les États-Unis et la production de films standardisés.
Vivendi Park
Tandis qu’il se défait des activités traditionnelles de l’ex-Compagnie générale des eaux, à partir de laquelle il a redessiné son entreprise, il se retrouve à la tête d’un ensemble très axé sur la communication au sens large du terme. Les résultats de Vivendi dépendent aujourd’hui des foucades du public et du marketing. Il s’enthousiasme pour un film et la fortune de son producteur est faite. Il le boude, et c’est la ruine. Soumis aux volontés d’une production qui n’aime pas les incertitudes financières, le cinéma s’oriente gentiment vers Jurassic Park 25 et l’Arme fatale 50. C’est ce que résume bien le sous-titre du livre : “ Les mésaventures du cinéma français au pays de Vivendi.“
Conclusion, tous nos dirigeants qui parlent avec emphase d’exception culturelle française devraient cesser de se réjouir que ce soit un Français qui dirige Universal…
*Professeur à l’ESCP
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