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Le feuilleton de l’UMTS à la française

La France adore se singulariser et elle ne manque pas une occasion de le faire. Avec l’UMTS, elle n’a pas laissé échapper l’occasion. L’affaire Vivendi-Bercy n’est qu’un épisode de plus dans un long feuilleton.

A la veille de payer la première quittance de sa licence UMTS, Cegetel, l’opérateur télécoms du groupe Vivendi, déclare que, dans le contexte actuel, le prix est devenu trop élevé et qu’il ne paiera pas. Raisons avancées : de l’euphorie d’il y a un an et demi, on est passé au pessimisme ; le marché est au plus bas ; les terminaux ne sont pas prêts ; et une cinquantaine de municipalités ne veulent pas entendre parler de nouveaux pylônes au milieu des villes.Des arguments non dénoués de fondement, mais la loi est loi et lorsqu’on a le ministères des Finances en face de soi, il n’y a guère de motifs de non-paiement qui tiennent. Vivendi a finalement plié. Il n’empêche, cette volte-face d’un opérateur au moment de régler une échéance est une originalité supplémentaire dans le grand feuilleton de l’UMTS à la française.Déjà, au moment du mode d’attribution des licences, la France avait fait son petit numéro. Estimant le mode de mise aux enchères peu sérieux et pouvant se révéler fort onéreux pour les opérateurs, elle avait opté pour la sélection sur dossier (ou ” concours de beauté “). On aurait donc pu s’attendre à un prix raisonnable, comme ceux pratiqués par exemple en Espagne ou au Japon. Eh bien, non ! Bien qu’elle ne rivalise pas avec les sommets atteints notamment en Allemagne et en Grande-Bretagne (entre 6,5 et 10 milliards d’euros), la licence en France n’est quand même pas donnée (près de 5 milliards d’euros). A comparer, par exemple, avec les 130 millions d’euros pratiqués en Espagne. Finalement, la France aura trouvé le moyen d’être chère dans un système destiné à ne pas étouffer les opérateurs.Ensuite, alors que la plupart des pays offrant un marché similaire avaient mis en jeu cinq licences (six en Allemagne), la France s’est contentée de quatre. Et encore, c’est parce qu’elle ne pouvait faire moins : Bruxelles ” recommandait ” une licence de plus que pour le GSM (qui en compte trois), histoire de favoriser l’arrivée de nouveaux entrants. Apparemment, un seul opérateur suffisait aux yeux des pouvoirs publics français. De nouveau, une situation typiquement française.Le bouquet a été atteint lorsque, finalement, après bien du suspense, deux prétendants se sont présentés, au lieu d’au moins quatre attendus. Moins de candidats que de licences, cela s’est vu dans d’autres pays plus petits (la Belgique, par exemple), mais pas dans ceux où le marché est comparable au nôtre. Du coup, situation unique cette fois, la France se retrouve actuellement avec un duopole.Il n’y pas de raison pour que ce feuilleton de l’UMTS à la française ne se poursuive pas. Et, comme dans tous les bons feuilletons, difficile de deviner quel sera le prochain coup de théâtre.* grand reporter à 01 InformatiqueProchaine chronique vendredi 19 octobre

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Jean-Pierre Soulès*