Changement d’organisation et redéfinition du métier d’acheteur. Dans les entreprises, l’e-procurement provoque des mutations relationnelles dans la négociation d’achat de fournitures en ligne. Des mutations non prises en compte par la technologie internet. Cela explique peut-être une certaine réticence des acheteurs vis-à-vis de ces nouveaux outils. Gérald Fillon, directeur technique chez Groupecyber, appelle ce malaise “le coût de l’adaptation sociale”. “La mise en place d’une solution d’e-procurement est un réel bouleversement dans la façon de travailler des acheteurs. La partie rébarbative du métier est la prospection, et la partie la plus intéressante la négociation. L’e-procurement permet à l’acheteur de diminuer le temps de prospection et de faciliter la négociation.” Bien sûr, les choix des acheteurs sont d’abord dictés par des considérations purement matérielles – prix, qualité, délais de paiement, de livraison, etc. Mais ils le sont aussi par de nombreuses considérations non négligeables qui touchent à l’humain et au relationnel.“Au départ, la fonction achat est très bien gérée dans les entreprises. Pour un nouveau produit, l’entreprise va négocier au plus fort, constate Gérard Fillon. Mais plus le temps passe, et plus la relation entre les deux parties va s’institutionnaliser et devenir moins efficace. Un fournisseur se sachant en concurrence avec dix ou vingt autres “collègues” sur une place de marché aura beaucoup plus tendance à diminuer ses tarifs.” En conséquence, ce n’est plus seulement l’acheteur qui va négocier, c’est aussi la pression automatique mise sur les fournisseurs qui va faire baisser les prix !Les applications d’e-procurement détaillent les postes de dépenses, mémorisent les transactions passées et renseignent sur la fiabilité des fournisseurs. Ce sont d’excellents outils de consolidation et d’analyse, voire d’aide à la décision. “La profession d’acheteur va devenir un métier de management de la relation fournisseur”, estime Patrick Lesbros, New Dimension Director chez Valtech. Ce dialogue avec les fournisseurs optimisera l’ensemble du processus au travers de ces nouveaux systèmes, apportant beaucoup plus d’informations. Cela permettra d’être meilleur dans la négociation, qui doit être d’une durée infime dans un acte d’achat. En effet, “plus l’acheteur passe de temps à négocier, plus il est mauvais, car cela signifie qu’il n’a pas su anticiper, prévoir ses besoins et étudier son dossier”. Avec les outils d’e-procurement, de gestion de la connaissance et d’aide à la décision, la négociation devrait être alimentée par des données beaucoup plus fiables. En fait, plutôt que de passer une grande partie de son temps à gérer les commandes, l’acheteur vivra une revalorisation de sa fonction. “Dans peu de temps, les utilisateurs s’occuperont davantage d’approvisionnement que d’achat. La vraie négociation aura été réalisée en préalable par l’acheteur, avant la mise à disposition du catalogue en ligne”, conclut Patrick Lesbros. Au final, l’acheteur aura donc un rôle beaucoup plus important de partage et d’exploitation des données. Cela lui permettra d’améliorer ses achats. Une évolution qui se place au c?”ur du métier d’acheteur et, ainsi, au c?”ur de la valeur ajoutée de l’entreprise.
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