La chose est admise en interne. “ Le principal concurrent sur le terrain du web, c’est General Electric (GE). Ils sont bien meilleurs que nous dans ce domaine“, concède Nicolas Bartel, e-business manager de Siemens en France. Internet… Une pièce de plus à porter au dossier de la rivalité qui oppose les deux géants depuis toujours.À croire que ces deux là passent leur vie à s’observer et se mesurer mutuellement. Un sentiment qui semblerait presque tourner à l’obsession. Gerhard Schulmeyer, le patron de Siemens aux États-Unis, préfère, quant à lui, parler de méthodes de management à l’américaine…On trouvera la nuance quelque peu subtile. Leur idée de débrancher photocopieuses et imprimantes une fois par semaine pour habituer les collaborateurs au zéro papier ? ” Saugrenue, raille Nicolas Bartel, comme celle consistant à coller à chaque dirigeant, chaque senior du groupe américain, un jeune expert du commerce électronique censé lui inculquer l’art de l’e-stratégie. En France, sur un effectif d’environ 10 000 salariés, plus des deux tiers sont déjà concernés par le commerce électronique “.Luc Mouzon, analyste de BNP-Paribas, tempère : “Je ne pense pas qu’ils soient en avance par rapport à leurs grands compétiteurs comme GE ou ABB, mais ils ne sont pas en retard non plus. C’est devenu traditionnel pour un groupe de cette nature d’intégrer des procédures de type e-business. “D’ailleurs, la numérisation de toutes les activités de GE débute seulement cette année, dans le sillage, il est vrai des fonctions achats et ventes de produits et services, déjà digitalisées. Aujourd’hui, les deux firmes restent concurrentes sur trois grands secteurs d’activité : l’éclairage, le médical et surtout l’énergie.Mais là où GE a su se diversifier et devenir un acteur incontournable des services financiers dans le monde ?” avec sa filiale GE Capital ?” Siemens est resté proche de ses racines électromécaniques et électroniques. La réalité est là : avec un chiffre d’affaires de 78,4 milliards d’euros l’an dernier, Siemens n’apparaît seulement qu’à la 21e place au classement mondial des grandes entreprises.Dans le même temps, GE, dont les ventes s’élèvent à 141 milliards d’euros, se classe à la 9e place. Et l’acquisition d’Honeywell devrait encore lui faire gagner trois places cette année. Une perspective qui laisse la firme allemande quelque peu dubitative compte tenu de la taille du gibier à digérer. Heinrich von Pierer estime de son côté qu’il peut faire plus vite en privilégiant la croissance organique…Pour autant, cette urgence bien légitime à jeter les bases cohérentes d’une stratégie dédiée au commerce électronique semble imposée par l’air du temps. Comme si internet, dans sa dimension conceptuelle, n’offrait que des améliorations en terme d’efficacité, d’accroissement des performances.Autrement dit, il s’agit de savoir si de tels géants sont capables de dénicher in fine de nouveaux relais de croissance significatifs dans la nouvelle économie et non pas seulement d’améliorer les process existants. À cet égard, l’innovation, rendue possible par l’émergence de nouveaux marchés, représente l’un des défis auxquels seront confrontés ces deux mastodontes dans un proche avenir.
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