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Le DSL tourne au jeu de massacre pour les nouveaux venus

La France n’est pas la terre promise du DSL. Plusieurs opérateurs ont déjà déclaré forfait ou gelé leurs projets. La crise des télécoms et l’enlisement du dégroupage sont mis en cause.

A lui seul, le cas Subiteo incarne parfaitement les difficultés des nouveaux arrivants du DSL dans l’Hexagone. Cette jeune pousse voulait devenir le “principal opérateur d’accès internet à haut débit en France en s’appuyant sur la technologie DSL”. Elle n’aura même pas eu le temps de se faire une place au soleil. La société misait tout sur le dégroupage du réseau téléphonique de France Télécom pour offrir du DSL (haut débit sur fil de cuivre) aux PME. Après avoir investi 5 millions d’? dans l’affaire, le fonds d’investissement américain Incepta n’a pas voulu remettre seul au pot les 30 millions d’? nécessaires au démarrage de l’activité. Subiteo a donc tout simplement fermé boutique. Selon son fondateur, Philippe Coville, il était devenu impossible de trouver de l’argent.Cette histoire n’est pas un cas isolé. Evincé de la boucle locale radio, son homologue Skyline s’est, lui aussi, rabattu sur le DSL dégroupé. A court de financement, il a dû déposer son bilan dans l’attente de repreneurs. C’est également le manque d’argent qui a fait chuter le plus connu de tous les challengers du DSL, Mangoosta.

France Télécom ne joue pas le jeu

Endetté, lâché par ses investisseurs, Mangoosta ne se lancera donc pas non plus dans l’aventure du dégroupage. Bien qu’il ait conquis près de six mille abonnés grand public en revendant l’ADSL de France Télécom, le nouvel opérateur a dû jeter l’éponge et s’est fait racheter par Nerim cet été. Le marché français attisait aussi la convoitise des spécialistes étrangers du DSL. C’est une époque révolue. L’Américain Covad, qui s’est placé en faillite à la mi-août, a annulé ses projets en France. Et, en manque de fonds, les Allemands HighwayOne et Riodata, l’Italien Netesi, ou encore le Néerlandais Novaxess ont décidé de se recentrer sur leurs marchés domestiques.L’immobilisme des investisseurs est, bien entendu, une résultante de la crise généralisée des télécoms. A cela s’est ajoutée la situation particulièrement complexe du DSL en France. “France Télécom a fait de l’antijeu. Il a tout tenté, techniquement et commercialement, pour empêcher l’essor des opérateurs alternatifs afin de développer ses propres services DSL”, explique un observateur.“C’est une grave erreur de ne pas créer les conditions d’apparition de nouveaux acteurs “, souligne-t-on chez un opérateur. Les tarifs élevés de l’ADSL de France Télécom ont, en effet, mis dans le rouge des revendeurs comme Mangoosta. Et ces mêmes revendeurs n’ont pas pu s’adresser à d’autres fournisseurs, puisque le dégroupage avance à un rythme de tortue car très onéreux. Autant d’éléments qui favorisent l’abandon du marché du DSL à quelques opérateurs bien installés : France Télécom, Cegetel et consorts. Malgré ce ciel chargé, certains nouveaux venus y croient heureusement encore, tel Cambio (voir encadré).
“Pour faire décoller les hauts débits, il faut une intensité concurrentielle forte. Il est donc dans l’intérêt de France Télécom à moyen terme de remplir ses salles de dégroupage”, insinue Eric Hazan, du cabinet Arthur D. Little.

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Guillaume Deleurence