Dans la Silicon Valley, beaucoup de gens s’imaginent qu’il est impossible de déjeuner avec quelqu’un sans devoir signer, au préalable, une douzaine de formulaires juridiques. Ce n’est pas vrai. En fait, c’est beaucoup plus. Je vous laisse juge, c’est le cas de le dire. L’autre jour, mon ami Rex m’invite à déjeuner. À peine arrivé, il sort son stylo et un bout de papier de son attaché-case, me tend le tout, et attend. Je lui demande alors de quoi il s’agit. À mon grand étonnement, je l’entends répondre :
“C’est rien, c’est juste un NDA, un ” non disclosure agreement “. Cela veut dire que rien ne doit sortir d’ici. ” Je lui fais valoir que c’est une procédure d’ordinaire réservée aux interviews ultra-confidentielles.
“Je sais, me dit-il, mais vous savez comment sont les gens. Tout le monde cherche à piquer les idées des autres. Alors, on n’est jamais trop prudent.” Je lui rappelle quand même qu’on est juste en train de déjeuner. Manifestement, cela ne l’impressionne pas beaucoup, bien au contraire.
“Tiens, il y a encore ça à signer“, me dit-il. Une clause de non-concurrence.
“ Juste pour être sûr que vous n’allez pas me mettre en concurrence avec une autre société lors de votre prochain repas. Et, s’il vous plaît, n’oubliez pas de parapher chaque page…” Mais le meilleur reste à venir. Je lui demande :
“Allez-vous enfin me dire ce que fait votre entreprise de si extraordinaire pour que tout soit verrouillé à ce point ?” Il secoue la tête négativement, d’un air contrit.
“Désolé, les temps ont changé. D’ailleurs, il faut que je file. On m’attend à une “pink slip party”. Vous savez, ces soirées où les déchus de la net économie se retrouvent pour parler gros sous.” Il s’en va, puis se ravise.
“Oh, j’oubliais. Un dernier papier à remplir… juste une formalité. Pour le cas où il vous prendrait l’envie d’ébruiter ce qui s’est dit au cours du repas. “
Et il me tend un ultime document. Vous le croyez, ça ?
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