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Le double tranchant des outils de RH

Sans état d’âme, les outils de gestion de ressources humaines ont vite fait de basculer de la gestion de carrière à celle des licenciements.

On savait les éditeurs de logiciels prompts à proposer mille recettes pour ” aider ” les DRH dans leur tâche toujours difficile de gestion des salariés. En période de vaches grasses, autrement dit de manque de personnel, on est tenté d’y souscrire. Quel DRH digne de ce nom refuserait en effet de s’appuyer sur un outil efficace l’aidant à fidéliser ses collaborateurs, à mieux anticiper leur carrière, à favoriser leur mobilité, à développer leurs compétences dans les objectifs de leur société ?Un tableau de bord bien organisé permet de gagner du temps et de disposer d’une belle cartographie des rôles et compétences de l’ensemble du personnel. Cela peut d’ailleurs mener à une situation presque idyllique, satisfaisant tout autant salariés et dirigeants.Mais toute médaille a un revers. En l’occurrence, celui de déshumaniser les analyses, en se référant aux uniques données chiffrées et d’en prendre l’habitude. Et la bascule est vite faite en période de vaches maigres. C’est le pas qui est franchi actuellement aux Etats-Unis, où commence une vague de licenciements : les éditeurs, toujours dans le but de faciliter le travail des DRH, ont déjà imaginé des outils de gestion de personnel, mais, cette fois, pour permettre de faire le tri entre les ” bons ” employés et les ” mauvais “. Donc, ceux qu’il faut garder dans l’entreprise et ceux qu’il faut évincer. Une aide au licenciement en quelque sorte.Sous des dehors propres et intelligents, ces méthodes rappellent celles exercées par l’Australie dans les années 40. Le pays n’accordait de visa qu’aux postulants qui disposaient d’une bonne dentition. En effet, leur capacité de travail se mesurait à leur aptitude à se nourrir. Les autres considérations ne comptaient pas.Comme si la productivité était le seul garant de la réussite d’une société. Evacuer ce critère serait faire preuve de naïveté. Mais ne compter que sur lui pour maintenir une entreprise au sommet risque de faire des entreprises des “loft stories” infernales.L’élimination des individus sous prétexte de rentabilité prend alors le pas sur l’implication, la motivation et ladhésion des équipes, vrais garants de la réussite, même avec des performances individuelles inégales.Prochaine chronique lundi 11 juin

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Anne-Françoise Marès