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Le DMTF célèbre le mariage des spécifications CIM et DEN

A l’avenir, les outils d’administration WBem s’appuieront sur HTTP, XML et CIM pour échanger des informations d’administration. Et, les extensions DEN seront incorporées au modèle CIM.

Ne dites plus Desktop Management Task Force mais… Distributed Management Task Force. C’est ce mois-ci que le DMTF va organiser, dans le cadre de la réunion annuelle de ses développeurs, sa deuxième série de tests WBEM. WBEM (Web based enterprise management) est l’un des deux projets, avec DEN (Directory enabler network), qui tiennent le plus à c?”ur au DMTF, qui regroupe 185 industriels de l’informatique des systèmes et de l’administration. WBEM est aujourd’hui plus connu pour ses concepts que par ses mises en pratique.
Si nombre de fournisseurs – BMC Software, Cisco Systems, Compaq, Computer Associates, Microsoft ou Tivoli – se sont très tôt définis comme des soutiens de ce projet, et si plusieurs outils ont été à la hâte estampillés WBEM, force est de constater qu’il y a encore loin de la coupe aux lèvres, car WBEM, par ses objectifs et les évolutions protocolaires qu’il implique, se révèle être beaucoup plus complexe qu’un ‘ relookage ‘ en HTML des consoles d’administration.

Définir de nouveaux protocoles

Lancé à la fin de 1996, WBEM a pour objectif de transformer les infrastructures d’administration étendues en spécifiant des mécanismes de formatage et d’échanges de données d’administration de haut niveau. S’il est un domaine où la notion de qualité de service peut s’appliquer, c’est bien celui des communications informatiques qu’une entreprise se doit d’établir avec ses clients ou ses fournisseurs. Dès lors, la question de l’intégration de l’administration aux relations interentreprises risque de se poser. Pourquoi, alors, ne pas chercher à améliorer le dialogue entre les outils d’administration en place, même si ces derniers sont géographiquement dispersés, d’origine multifournisseur, ou ne mettent pas en ?”uvre les mêmes mécanismes d’auscultation des ressources à leur charge ?
WBEM est censé s’attaquer à ce type de problème en s’appuyant sur les infrastructures d’interconnexion TCP-IP et les technologies Web. L’élaboration de WBEM a exigé de définir plusieurs protocoles. A l’origine, la norme DMTF reposait sur la base de deux protocoles, CIM et HMMP (Hyper media management protocol). Exploitant le formalisme de la méthode de conception UML et CIM (Common information model), qui désigne un modèle orienté objets de description de données d’administration, cette référence a été mise au point pour décrire les ressources du système d’information susceptibles d’être administrées. Il a été peu à peu étendu de façon à inclure les classes décrivant différentes catégories d’objets d’administration (réseaux, systèmes, stockage, applications, etc.). CIM est assez riche pour servir de surensemble aux structures de données existantes, SNMP, CMIP, DMI ou JMapi, propriétaires… habituellement employées.

Un niveau de granularité très fin

Sur le plan de la description des ressources, le modèle CIM peut descendre à un niveau de granularité très fin. Ainsi, il ne s’agira pas seulement de visualiser, au niveau d’une console d’administration, une baie de stockage ou un serveur, mais aussi les racks, les modules et les éléments composant la solution (disques, lecteurs, cartes d’extension, cartouches, processeurs…) des sous-systèmes. HMMP désignait, lui, un protocole de communication entre ressources WBEM, bâti sur TCP et servant à l’échange de données d’administration. Très vite, il est apparu que CIM était l’apport majeur de WBEM. Exit HMMP ! Le DMTF a finalement opté pour le protocole de transport HTTP. A la fin de 1999, l’organisation a ainsi réalisé un premier mappage des opérations CIM sur HTTP, et proposé une adaptation de la technologie d’encodage XML au modèle CIM, XMLCIM. A la même époque, les spécifications CIM ont été portées en version 2, et leur champ d’action a été élargi. Les spécialistes de la connectique réseau, tels Cisco et Sun, et les éditeurs de gestionnaires de réseaux LAN (Compaq, HP, Intel, Microsoft, Novell…) ont été parmi les premiers à se pencher sur WBEM.

Renforcer l’interopérabilité des outils

L’association SNIA a également adopté le formalisme CIM pour ses besoins propres. Cette organisation, partenaire officiel du DMTF depuis novembre dernier, se préoccupe notamment de renforcer l’interopérabilité des outils d’administration du stockage. Elle a élaboré un modèle protocolaire spécifique aux réseaux de stockage de type SAN, faisant appel au modèle CIM pour standardiser les descriptions des ressources de stockage. Enfin, en mars dernier, CIM a été porté en version 2.3, et plusieurs extensions spécifiques (relatives à la description de ressources utilisateurs, systèmes, réseaux, applicatives, etc.) lui ont été ajoutées. Le standard doit désormais passer son baptême du feu, et des campagnes de test d’interopérabilité des premiers logiciels WBEM sont actuellement menées par le DMTF.
Un autre grand défi de l’administration d’entreprise de demain portera sur la façon de mieux appréhender les composantes de l’entreprise étendue. Les serveurs d’annuaires sont aujourd’hui capables de découvrir automatiquement les ressources du système d’information et les utilisateurs, et de référencer leurs attributs et descriptions. Pourquoi, alors, ne pas faire en sorte que les outils de supervision et de suivi de la qualité de service puissent s’appuyer sur ces derniers ? Cette idée, lancée par Novell, lors d’une de ses tentatives pour valoriser son serveur d’annuaires NDS et intégrer les services NDS et DHCP, a été proposée au DMTF en 1998. Dès lors, ce qui est devenu le projet DEN a rapidement pris forme en tant que concept architectural complémentaire de WBEM. Au point que le DMTF a établi des passerelles entre DEN et WBEM, et que DEN est appelé à se fondre dans le modèle CIM.

S’appuyer sur LDAP et ses services de nommage

Pour l’essentiel, DEN porte sur la définition de mécanismes de passerelles entre les bases d’annuaires et les instances du modèle CIM, à savoir, les représentations logiques des ressources répertoriables dans un réseau. Pour véritablement mettre en ?”uvre un mécanisme de découverte globale des réseaux, il convenait de s’appuyer sur le protocole LDAP (Lightweight directory access protocol) et ses services de nommage. Ce qui a été officialisé en février dernier, le DMTF ayant annoncé le mappage entre les structures de données propres à LDAP 3 et celles spécifiées par le modèle CIM. Le projet DEN pourrait aboutir à ce que l’annuaire d’entreprise LDAP se transforme en un véritable réceptacle de l’ensemble des informations décrivant le système d’information, ses constituants, ses utilisateurs, les ressources allouées… toutes informations dont pourraient tirer parti les outils d’inventaire, d’administration, d’exploitation et de contrôle des flux réseaux. Il est donc logique que, parmi les fournisseurs intéressés par DEN, figurent les spécialistes de l’administration de la qualité de service réseau, qui comptent sur les annuaires pour améliorer leurs outils d’administration de la bande passante. Mais, la transformation de l’annuaire LDAP en référentiel des données d’administration ne devrait pas avoir lieu avant 2003, selon le GartnerGroup, qui souligne que, en dépit de l’avancée que représente ce concept, il n’est pas évident que les serveurs d’annuaires soient adaptés au stockage et à la manipulation d’événements temps réel tels que les alertes ou les statuts des n?”uds réseaux. Mais là, on touche, peut-être, à la raison d’être des grands frameworks d’administration et à la complémentarité de fait qui devrait s’instaurer entre eux et les annuaires d’entreprise, dans les années à venir.

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Thierry Jacquot