Nombreux sont les débats actuels à propos de la gouvernance dans le domaine des systèmes d’information et de leur évolution prévisible. Il n’est que temps… Mais il me paraît capital de bien s’entendre préalablement sur le sens des mots et le périmètre des concepts correspondants.Il existe une différence claire, indiscutable, mais curieusement peu perçue entre “système d’information” et “système informatique “. Or, tout part de là. Le système d’information décrit, représente et justifie la forme, l’origine, la circulation, l’usage, etc. des informations nécessaires aux agents de l’entreprise pour que celle-ci fonctionne. Le système informatique est l’ensemble des matériels, logiciels, réseaux, etc. qui sous-tend une grande partie, mais une partie seulement, du système d’information et de communication.Pour nous convaincre de cette différence, rappelons-nous qu’il y a cent ans des entreprises existaient et fonctionnaient ?”à la satisfaction de leurs clients, de leurs salariés et de leurs actionnaires ?” avec un “système d’information et de communication” totalement dépourvu de “système informatique “. Et cela pour la bonne raison que l’informatique n’existait pas à cette époque… On sait aussi très bien qu’un système d’information comporte des éléments qui ne sont pas ?” et ne seront jamais ?” traités par voie informatique : échange d’informations confidentielles entre directeurs au sein d’un comité exécutif, par exemple. Ainsi, une entreprise ne peut pas fonctionner sans système d’information, alors qu’à l’extrême limite elle peut fonctionner sans système informatique ?” hypothèse de fonctionnement “dégradé”, qui avait été étudiée et prévue face aux risques de blocage liés au passage à l’an 2000.Le système d’information au sens strict est donc, de toute évidence, sous la responsabilité opérationnelle de la direction générale et des directeurs des métiers, et non sous celle du DSI : ainsi le DRH est-il clairement responsable opérationnel du système d’information, qui lui permet d’assurer le recrutement, la gestion du personnel et la paye.L’appellation DSI ?”“directeur des systèmes d’information”?” est-elle pour autant abusive ? Certes non. Mais il faut bien préciser ce dont il s’agit. Il est hautement souhaitable qu’un directeur de haut niveau, siégeant au comité exécutif du groupe, soit chargé :
de conseiller les directeurs des métiers dans l’établissement de leur système d’information propre. Il s’agit là, pour le DSI, d’une responsabilité fonctionnelle ;
d’assurer l’agrégation des systèmes d’information des directions en un système d’information d’entreprise ?” urbanisme, standards, réseau commun, relations avec les fournisseurs, indicateurs de performance, entre autres ;
d’élaborer un système informatique qui matérialise, sous-tende et supporte le fonctionnement du système d’information et de communication. Et sa responsabilité est, là, clairement opérationnelle.Le DSI joue donc un rôle essentiel auprès des autres directeurs et de la direction générale, mais il n’est responsable ni de rien ni de tout… Une autre façon de clarifier ces notions de base est de dire que le système d’information relève de la maîtrise d’ouvrage, et que le système informatique relève de la maîtrise d’?”uvre. Ainsi, sur un grand projet, le directeur opérationnel ?” maître d’ouvrage ?” doit-il détacher un maître d’ouvrage délégué, et le DSI ?” donc, maître d’?”uvre ?” un chef de projet maître d’?”uvre : de leur bonne entente dans la complémentarité des responsabilités dépendra le succès.Mais, bien entendu, car rien n’est jamais si simple, on observe aisément que des relations interactives fortes existent entre le système d’information et le système informatique. De fréquentes innovations purement technologiques rendent possibles de nouvelles façons de traiter et de faire circuler l’information. Ces innovations doivent être présentées et proposées aux maîtres d’ouvrage responsables de leur système d’information pour leur permettre d’améliorer le fonctionnement de leur direction, d’acquérir un avantage compétitif, etc.Comment donc s’organiser ? Au-delà d’une certaine taille, il semble avisé de s’inspirer du modèle fréquemment pratiqué dans les grands groupes outre-Atlantique : un CIO ?” Chief Information Officer, c’est-à-dire directeur du système d’information ?” et un CTO ?” Chief Technical Officer, c’est-à-dire directeur informatique (DI) ?”, le premier étant le patron du second. Le CIO-DSI passe 70 % de son temps en contact avec les maîtres d’ouvrage et la direction générale, et 30 % de son temps sur la cohérence du système d’information global et la veille technologique, en liaison étroite avec son CTO-DI. Celui-ci affecte 70 % de son temps à la gestion opérationnelle du système informatique et 30 % à la cohérence globale, en liaison étroite avec son patron CIO-DSI.Le problème de gouvernance ne peut être posé de façon utile qu’après avoir obtenu un accord au sommet sur la répartition des rôles et responsabilités au niveau des principes essentiels, à partir des distinctions exposées ici. Le DSI doit être celui qui sait poser ce problème en termes clairs. Alors seulement un président qui préside et un directeur général qui dirige pourront-ils choisir et décliner le type de gouvernance détaillée qui convient au style et à la stratégie de leur entreprise.
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