Cela ressemble à un essaimage sans en être un. Frédéric Baroin a en effet créé Eolring en janvier 1997 pour mener à bien un projet qui, à l’origine, devait être réalisé au sein de Philips. Mais sans bénéficier du support de son ancienne entreprise. “Mon employeur souhaitait se désengager des télécommunications à usage professionnel pour se recentrer sur les produits grand public. Mon programme étant abandonné, j’ai été autorisé à le poursuivre en externe. J’ai négocié la technologie et les brevets avec la maison mère.” Mais cela n’a pas été simple et lui a demandé neuf longs mois de tractations. Son idée : créer un système de commutation distribuée, qui évite de tirer de nouveaux câbles au fur et à mesure que les besoins des entreprises évoluent.
Frédéric Baroin, homme de marketing et porteur du projet, a choisi avec soin ses quatre partenaires : “Nous nous connaissions tous, et avions tous assumé des responsabilités variées. C’est essentiel à la cohésion des équipes.” Et, après trois ans de ” secousses ” plus ou moins rudes, les cinq fondateurs sont toujours là, fidèles au poste. Si elle est multidisciplinaire – avec un ancien créateur d’entreprise, le dirigeant d’un laboratoire de développement, un responsable financier et un ingénieur -, l’équipe est également multigénération – les fondateurs avaient de vingt-sept à soixante-dix ans. Une diversité voulue, car “avoir des âges différents évite les conflits d’intérêts”.
Après avoir créé une équipe solide, Frédéric Baroin a souvent frappé à la porte des capital-risqueurs. Dès 1997, il réussit à convaincre Innovacom, qui lui apporte 3 millions de francs. Un an plus tard, en février 1998, un nouveau tour de table de 5,5 millions de francs et l’entrée de Technocom lui permettent, avec son équipe, de mettre en place la première maquette et de vérifier que son système fonctionne.
Mais le développement de son commutateur est freiné par des difficultés de recrutement. Difficile, en effet, de trouver des ingénieurs ayant trois à cinq ans d’expérience dans les logiciels des couches basses, prêts, de surcroît, à venir à Caen. Car toute la recherche est basée dans le Calvados. Frédéric Baroin songeait également que l’industrialisation de son produit serait rapide, mais il a finalement dû y passer toute l’année 1999, avec les 16 millions de francs levés en décembre 1998 et l’entrée de CDC Innovation et de Partech dans son capital. Cette accumulation de retards à fait que, en 1999, son chiffre d’affaires ne s’est élevé qu’à 1,5 million de francs, contre les 20 millions prévus dans le business plan initial. Cependant, même s’il a collecté plus de 55 millions en trois ans, Frédéric Baroin juge que “lever des fonds est difficile quand on est dans un secteur très technologique, avec un produit qui constitue une fracture avec ce qui existait auparavant. Les investisseurs sont frileux, car ils manquent de repères par rapport à un existant. Nous sommes obligés d’éduquer le marché et les investisseurs !”. L’année prochaine, il va passer à l’étape supérieure, car il prévoit d’introduire sa société en Bourse.
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