Ni une pédagogie-gadget, ni une formation au rabais
Dominique Boullier, professeur en sciences de l’information et de la communication, est à l’origine d’un DESS en ligne de concepteur-rédacteur de documentation technique dispensé à l’université de Compiègne . Christian Bonnemains, 42 ans, a obtenu, au mois d’octobre 2000, ce DESS. Pour ce technicien de laboratoire d’analyses médicales, l’objectif était de se former tout en continuant à exercer son métier. Ils nous donnent leur avis.
L’enseignant : ” Le Web permet un suivi individualisé. “ Dominique Boullier, professeur en sciences de l’information et de la communication à l’université de Compiègne, est un pionnier de l’enseignement en ligne.
“Enseigner en ligne oblige à repenser les méthodes pédagogiques. Nous sommes obligés de préparer nos cours très précisément, en décrivant toutes les tâches que doit exécuter l’étudiant. Le gain de qualité est évident. C’est aussi vrai en ce qui concerne les supports de cours. Nous avons mis au point une charte graphique, inventé des formats de présentation. Il existe même des versions sur papier de certains cours un peu longs, pour un meilleur confort de lecture. Enfin, nous suivons nos étudiants de beaucoup plus près. Les corrections sont détaillées, individualisées, rendues en 72 heures. Le rythme est régulier, la formation, structurée. C’est l’avantage de la distance. Comme il n’y a pas de repères communs, nous sommes plus organisés. Peut-on toutefois imaginer de préparer dès maintenant tous les diplômes en ligne ? Non… Il y a un type de formation qui ne se satisfera jamais de la distance. Celles qui relèvent des compétences du face-à-face : la vente, l’accueil, le management. Dans ce cas, même la vidéoconférence ne suffit pas. Mais pour tout le reste, on peut imaginer des supports adaptés à Internet. “
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L’étudiant : ” Le bilan est positif. Mais le face-à-face, ça a quand même du bon. “ Christian Bonnemains, 42 ans, a réussi sa reconversion professionnelle grâce à Internet.
“Je suis globalement satisfait de ma formation. J’ai appris mon métier. Reste à convaincre les employeurs potentiels. J’ai l’impression que l’on est encore parfois suspect à leurs yeux quand on dit qu’on a suivi une formation sur Internet. Les mentalités doivent changer de ce point de vue. Mais il m’était impossible de quitter mon emploi : je suis chargé de famille. L’enseignement en ligne s’est donc imposé comme une solution a priori idéale. Mais la distance ne facilite pas toujours les choses. On pense d’abord que l’usage du courrier électronique va rendre les contacts plus directs, mais, au final, cela crée de nouveaux problèmes.Quand on est face à face, une interrogation suffit. Par e-mail, c’est plus long, moins pratique. On a finalement beaucoup utilisé le téléphone. En revanche, avec les cours, on a eu accès à tout ce que l’on devait apprendre. Mais il y a tout de même une légère frustration. L’expérience de l’enseignant ne passe pas aussi bien. On a un peu l’impression de n’avoir pas pu profiter à cent pour cent de tout ce que savaient nos interlocuteurs. Entre étudiants, nous avons découvert, à l’occasion de travaux de groupe, qu’Internet ne faisait pas toujours gagner du temps. Mieux vaut alors se rencontrer une heure, discuter, mettre les choses à plat, et élaborer une stratégie de travail. Arriver à ce résultat peut prendre une semaine par Internet. “
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