Gunther Oettinger a du caractère et le démontre à chaque fois qu’on lui en donne l’occasion. Le nouveau commissaire européen à l’Economie numérique n’apprécie pas la propositon de l’allemand Mathias Schwab et de l’espagnol Ramon Tremosa de démanteler Google. Même leurs arguments d’abus de position dominante ne le pousse pas à se précipiter pour rejoindre la fronde lancée la semaine dernière.
Il rappelle d’abord que c’est à la Commission de proposer des lois et au Parlement de les voter ou non. La proposition de vote n’est, selon lui, « qu’une pétition » simplement destinée à recueillir l’opinion des députés européens pour accentuer la pression sur Google.
Mais au délà de ces questions, son opposition porte des arguments plus stratégiques. Conscient du problème que pose Google en termes de concurrence, il estime que le démantèlement n’est pas la meilleure voie pour résoudre le problème. De plus, si Google est au centre de l’affaire, ce n’est pas le seul groupe concerné dans l’économie numérique.
En adoptant cette ligne, il rejoint la position de son patron, Andrus Ancip, vice-président de la Commission européenne en charge du numérique. Comme le rapporte le site GigaOm et l’agence Reuters.
Les Américains sont très «préoccupés» par l’affaire
Pour Ancip, que l’on surnomme déjà le « tsar du numérique européen », il faut éteindre un incendie en veillant à ne pas en allumer un autre. « Tremosa et Schwab ne sont pas des idéologues anti-Google » affirme le vice-président, avant de rappeler « l’Europe est unie dans sa lutte contre les monopoles » qui ne se limite pas au seul cas Google. Le message est-il adressé au groupe Axel Springer ?
Concernant précisément le géant de Mountain View, l’ancien premier ministre de la tech-friendly Estonie, confirme que « le dégroupage est l’une des possibilités étudiées », mais indique qu’il y a d’autres propositions, comme la taxe Google que voudrait proposer Gunther Oettinger.
Il veut surtout attendre les résultats de l’enquête de Margrethe Vestager, commissaire européen à la concurrence qui succède à Joaquín Almunia. La nouvelle commissaire a expliqué début novembre qu’elle aurait « besoin de temps avant de décider des prochaines étapes » dans cette affaire.
Au départ, la première mission d’Andrus Ancip était de mettre sur pied l’Europe numérique. Désormais, on sait que sa tâche est surtout de coordonner les travaux de chacun pour éviter la cacophonie.
Mais le coup de force des deux députés n’est pas qu’un pétard mouillé. Il a permis de rappeler que le dossier prioritaire reste la compétition avec les géants américains en général et contre Google en particulier.
D’ailleurs, l’administration Obama a fait part de sa « préoccupation », par la voix du porte-parole de la Mission américaine auprès de l’Union Européenne. « Nous respectons le processus de mise en œuvre des règles de concurrence dans l’UE et ne voulons pas préjuger de l’issue des dossiers en cours, mais il est important que l’identification d’entraves à la concurrence et de remèdes possibles soit fondée sur des conclusions objectives et impartiales et ne soit pas politisée », a-t-il mis en garde dans des propos rapportés par l’AFP.
Mais si la proposition de démantèlement remporte un maximum de voix, la commission numérique pourra-t-elle faire autrement que de mettre le dossier Google sur le dessus de la pile ? Nous le saurons demain après ce vote, même si le texte est non contraignant.
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