La Hadopi en a rêvé, Orange l’a fait. Depuis hier, jeudi, le fournisseur d’accès à Internet propose à ses clients une option « contrôle du téléchargement », disponible sur sa boutique en ligne. Facturée deux euros par mois, elle leur permet de « contrôler l’activité des ordinateurs connectés sur [leur] ligne Internet, en matière de téléchargement peer to peer ».
Une manière pour les internautes de se prémunir contre l’usage illicite de leur ligne ADSL. Mais un porte-parole de l’opérateur reconnaît que « cette protection offerte par ce logiciel n’a aucune valeur juridique ». Autrement dit, il ne permettra pas aux internautes accusés à tort de téléchargement illicite de prouver leur bonne foi auprès de la Hadopi. Ce rôle sera celui des logiciels de sécurisation prévus par la Hadopi, mais dont les spécifications n’ont toujours pas été publiées (*).
Quoi qu’il en soit, les ayants droit devraient se réjouir de cette initiative même s’ils peuvent penser qu’elle arrive bien tard : cela fait des années qu’ils demandent aux fournisseurs d’accès de lutter activement contre le piratage. Sans succès, jusqu’à aujourd’hui.
Opportunisme commercial
En pratique, cette nouvelle option prend la forme d’un logiciel fonctionnant en arrière-plan, indique Orange. Il permet de contrôler jusqu’à trois PC, uniquement sous Windows, raccordés à Internet. « Le logiciel bloque le fonctionnement des logiciels de P2P (*) figurant sur une liste que nous allons enrichir régulièrement », nous précise un porte-parole. Une liste noire que l’opérateur a refusé de nous communiquer.
Il ne fournit pas plus de précisions sur le fonctionnement de son outil, fourni par un prestataire dont il refuse de communiquer le nom. Orange oublierait-il que les réseaux P2P, comme BitTorrent, sont aussi largement utilisés pour la distribution légale de contenus (logiciels libres par exemple) ? « Non, les internautes pourront désactiver la protection à volonté. Cela fonctionne comme un logiciel de contrôle parental », précise l’opérateur.
Le dispositif prévu par Orange se révèle par ailleurs très incomplet et l’opérateur aura bien du mal à tenir sa promesse d’une « protection contre le téléchargement illégal ». Cela fait déjà bien longtemps que le P2P n’est plus le principal vecteur du piratage. L’opérateur s’engage toutefois « à enrichir régulièrement son option » afin de garantir à ses clients « le meilleur niveau de protection possible au meilleur prix ».
Orange fait en tout cas preuve d’un bel opportunisme commercial, alors que les premiers avertissements pour téléchargement illicite devraient partir dans les prochaines semaines. Les ayants droit viennent tout juste d’obtenir le feu vert de la CNIL pour mettre en place leur dispositif de surveillance des réseaux de P2P. « Notre solution s’adresse surtout aux parents qui veulent s’assurer que leurs enfants ne font rien d’illégal sur les réseaux de P2P », confirme l’opérateur. Pour une fois qu’Orange devance ses concurrents…
(*) Article modifié après de nouvelles précisions fournies par Orange.
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