Quel est le mot le plus courant du jargon de la Net-économie ? Sans aucun doute le terme ” contenu “. Traduit littéralement de l’anglais ” content “, c’est pourtant le concept le plus flou qui soit. Par commodité marketing et réductrice, il désigne en effet indifféremment de l’information journalistique, des bases de données, des productions audiovisuelles, des messages publicitaires, des fonds éditoriaux, des études, des réactions de lecteurs…
Bref, tout ce qui ne dépend pas de la technologie et qui serait issu de la créativité humaine.Un mélange douteux qui permet de comprendre maintenant pourquoi autant de sites Web agonisent doucement. Beaucoup de sociétés ?” jeunes start-up du monde des médias ou grandes entreprises de la vieille économie ?” ont en effet cru qu’elles pouvaient se contenter de concevoir un site avec un beau graphisme et de définir un bon positionnement marketing ?” par exemple, le créneau des fanatiques de poissons rouges ?” pour faire venir les internautes par millions. Il suffisait alors d’engranger les bénéfices avec la vente de bandeaux publicitaires et le commerce électronique. Combien de fois a t-on entendu ” les internautes trouveront sur notre site des contenus adaptés à leurs attentes ! ” ?Le problème, c’est qu’il n’a jamais suffi d’avoir trois articles récupérés on ne sait où, deux commentaires de lecteurs égarés sur le site, et cinq publi-reportages payés par des sponsors pour fidéliser des millions d’internautes.Dans le dictionnaire, ” contenu ” a pour synonyme ” substance “. A t-on déjà vu dans l’ancienne économie une entreprise vendre un produit sans substance, un emballage vide, un journal sans article, une télévision sans programme ? Un consommateur se laisse parfois bluffer une fois. Rarement deux. Internet ne permet en rien d’échapper à cette régle.La grande illusion de l’Internet a été de croire que le contenu éditorial était une denrée illimitée et bon marché. Pourtant, l’écriture d’un article journalistique, d’un ouvrage spécialisé ou la conception d’un court-métrage est chère, car elle nécessitera toujours beaucoup de ressources humaines, le respect de règles éthiques et beaucoup de professionnalisme.
En résumé, tout cela a un coût énorme. Les médias ou les éditeurs traditionnels en savent quelque chose. Beaucoup de start-up le découvrent aujourd’hui.Prochaine chronique le vendredi 5 janvier 2001
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