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LE CONCOURS DE BEAUTÉ DE L’UMTS TOURNE AU VAUDEVILLE

Sous la pression de son principal actionnaire, Suez-Lyonnaise des Eaux renonce à l’UMTS. Le groupe Bouygues pourrait s’inspirer de cette démarche. La ” comédie ” de l’UMTS tricolore devrait logiquement profiter à SFR et à France Télécom.

Poker menteur. À une semaine du dépôt des dossiers de candidature, le consortium Suez-Lyonnaise des Eaux-Telefónica s’est brusquement retiré du concours de beauté organisé pour l’attribution des licences UMTS dans l’Hexagone. Les rumeurs qui circulaient depuis quelques semaines n’étaient finalement pas infondées.

Le modèle français ne convainc pas

Il est vrai que sans base installée dans le cellulaire, où le taux de pénétration devrait atteindre les 60 %, il s’agissait d’une mission quasi impossible pour le tandem franco-espagnol, même si le taux de désabonnement (de l’ordre de 20 %) chez les opérateurs en place lui laissait une relative marge de man?”uvre. Insuffisante, a finalement considéré Suez-Lyonnaise sous la pression d’Albert Frère, son principal actionnaire, qui détient 8,4 % de son capital. Cette décision a été immédiatement saluée par les marchés financiers, qui ont enregistré une progression de près de 5 % du titre Suez-Lyonnaise à l’annonce de ce revirement.Bien que minutieusement préparée, cette candidature retirée à la dernière minute met les pouvoirs publics dans l’embarras. Pour peu que Bouygues Telecom ?” qui a du mal à stabiliser son tour de table ?” suive le mouvement, l’ART se retrouverait avec seulement deux candidats ?” SFR et France Télécom ?”pour quatre licences. Autant dire que ce concours à la française (avec son ticket d’entrée de 32,5 milliards de francs) concocté par l’Autorité ?” dont le président, à la mi-janvier, n’excluait pas de se retrouver avec… cinq candidats ?” a du plomb dans l’aile.Logiquement, les licences non attribuées devraient être remises en jeu plus tard, mais on ne voit pas très bien quels seraient les candidats dépourvus de base installée susceptibles d’être intéressés.

Quelle place pour les opérateurs virtuels ?

Reste la carte des opérateurs de réseau virtuel, autrement dit, dépourvus d’infrastructures. Mais, avec seulement deux ou trois titulaires de licences UMTS, cette perspective est nettement moins plausible. Avec quatre ” licenciés “, un acteur en difficulté pouvait avoir intérêt à revendre du trafic en gros à un opérateur virtuel afin d’arrondir ses fins de mois. Avec seulement deux ou trois intervenants, donc une concurrence restreinte, les impétrants ont tout intérêt à jouer la carte de l’oligopole.Alors que le coût de la licence ajouté à celui du déploiement du réseau (de l’ordre d’une trentaine de milliards de francs) effraie bon nombre de candidats, France Télécom se veut optimiste. “Nous sommes pressés”, répète-t-on à l’envi au siège de l’opérateur public. “Nous n’avons aucun problème de financement en ce qui concerne l’UMTS”, dit Jean-Marie Messier, président de Vivendi Universal, la maison mère de Cegetel (qui contrôle SFR). Reste une inconnue : la réaction des pouvoirs publics au lendemain du dépôt des dossiers de candidature. “Nous ferons le point et nous aviserons ” déclare, laconique, le secrétariat d’État à l’Industrie. Gouverner, c’est prévoir, apprend-on pourtant sur les bancs de l’École nationale d’administration, dont bon nombre d’anciens élèves ont planché sur le dossier.

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Henri Bessières