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Le Comité olympique doute qu’Internet soit un nouvel eldorado

Alors que s’ouvre à Lausanne la conférence du Comité international olympique sur les nouvelles technologies, les responsables multiplient les déclarations plutôt négatives sur la retransmission des jeux Olympiques sur Internet.

On le savait depuis les derniers jeux Olympiques : le Comité international olympique (CIO) n’est pas à l’aise avec Internet. Tant qu’une solution concernant les droits de retransmission n’aura pas été trouvée, les épreuves olympiques sont interdites de présence sur le Web. La conférence qui s’ouvre aujourd’hui devrait permettre de progresser sur ce terrain, comme le confirment les déclarations de Juan Antonio Samaranch, actuel président du CIO.” Il serait insensé de la part du mouvement olympique d’ignorer Internet “, a lancé Juan Antonio Samaranch lors de son discours d’ouverture de la conférence rassemblant pour deux jours, à Lausanne, les représentants du monde sportif, des affaires, des médias et des nouvelles technologies autour de la révolution numérique.Il y a 40 ans, a-t-il poursuivi, l’un de ses prédécesseurs avait expliqué aux membres du bureau exécutif que le CIO s’était passé pendant 60 ans des services de la télévision et qu’il pourrait encore le faire au cours des 60 prochaines années. ” Je pourrais dire aujourd’hui la même chose au sujet d’Internet, mais vous penseriez que je suis fou. Cette réunion est très importante pour l’avenir des jeux Olympiques et pour le sport “, a-t-il déclaré.Moins enthousiaste, Dick Pound, responsable du marketing au sein du CIO, a dressé un état des lieux beaucoup plus nuancé.” Je ne pense pas qu’Internet puisse représenter une importante source de revenus à court ou moyen terme “, a-t-il déclaré, en soulignant que les jeux Olympiques tireraient davantage d’une couverture télévisuelle renforcée à l’avenir. ” Il n’existe pas vraiment de modèle économique viable “, a-t-il insisté lors d’un entretien accordé à Reuters.” Si vous vous penchez sur ce qui s’est passé à Wall Street au cours des derniers mois, vous verrez que les marchés ont soudainement dit : ” Attendez une minute. Il y a beaucoup de bonnes idées, de vraies améliorations, et nous voyons bien comment vous pouvez dépenser votre argent, mais nous ne savons pas très bien comment vous allez en gagner” , a expliqué le successeur probable de Samaranch à la tête du CIO.La conférence de Lausanne est le premier événement d’ampleur internationale consacré aux nouvelles technologies, rassemblant des représentants du monde du sport, des médias, de la publicité et des télécommunications.Les sites web consacrés au sport sont une destination très courue des internautes et leur développement rapide ne va pas sans poser quelques problèmes au CIO, dont l’essentiel des revenus depuis 20 ans est assuré par la vente des droits de diffusion télévisuels.

Ne pas rater le train

Les responsables sportifs craignent aujourd’hui qu’une exploitation distincte des droits liés à Internet ne déprécie la valeur des contrats négociés avec les chaînes de télévision. La chaîne américaine NBC a versé 705 millions de dollars pour retransmettre les récents JO de Sydney. Le contrat passé avec le CIO court jusqu’au Jeux de l’été 2008, événement pour lequel la société versera 894 millions de dollars.A l’occasion des derniers jeux, le CIO a organisé une vaste opération de surveillance sur le web afin de s’assurer du respect des droits d’exploitation. L’épineuse question des droits sera vraisemblablement au centre des discussions de Lausanne. Dick Pound a fermement rappelé que le CIO n’avait pas l’intention de commercialiser ces droits de façon distincte.Quoi qu’il en soit, les instances sportives reconnaissent sans difficulté qu’elles n’ont pas encore d’idées claires sur ce que leur réservent les nouveaux médias. ” L’un des points essentiels de ce genre d’événement (…), c’est qu’il est impossible de prévoir ce qui en sortira “, a souligné Dick Pound.Thomas Bach, vice-président du CIO, a estimé dimanche que la télévision interactive aura sans doute un rôle important à jouer. De son côté, l’expert du CIO en matière de nouvelles technologies, Franklin Servan-Schreiber, a jugé que les graphiques animés en trois dimensions étaient plus prometteurs que le simple envoi d’images vidéo sur le réseau.” Je pense que nous allons entendre de la part des représentants de la télévision des arguments selon lesquels nous ne devons jamais oublier qu’il s’agit du média essentiel pour livrer notre message au monde. Les représentants des nouveaux médias nous expliqueront que nous sommes à l’aube d’une nouvelle ère et qu’il ne faut pas rater le train “, a déclaré Dick Pound.” Je crois pouvoir prédire (…) que, si nous nous engageons sur Internet, linitiative sera organisée en collaboration avec les diffuseurs de programmes télévisés, en tout cas dans un avenir proche “, a-t-il conclu.

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Karine Solovieff (avec Reuters)