C’est une première mondiale médicale. Mais aussi et surtout une prouesse technologique. Carmat, le premier cœur totalement artificiel, a été implanté avec succès sur un homme ce 18 décembre 2013 à l’Hôpital Européen Georges Pompidou. Cinq jours après, le patient reste en observation mais se porte bien.
Un petit bijou high-tech
Le cœur de Carmat est une prothèse implantable en plastique blanc. Elle reproduit le mouvement de la paroi ventriculaire du cœur humain grâce à deux moto-pompes à actionnement hydraulique. Un système externe alimente la prothèse en électricité. Le patient est donc contraint d’être raccordé en permanence via des câbles à un dispositif muni de batteries fixé sur un chariot ou sur son épaule.
C’est également au sein du dispositif externe que sont traitées les informations envoyées par la prothèse. Car Carmat est capable d’augmenter ou de diminuer immédiatement son débit en fonction des activités de celui qui le porte.
Voir la vidéo de la société Carmat :
« Des ingénieurs ont développé des capteurs et des algorithmes qui permettent de savoir en temps réel ce qui se passe en aval et en amont du cœur. Le cœur battra à 60 pulsations par minute si vous vous couchez, il accélérera à 110 si vous faites votre jogging du matin avant de venir à BFM » a déclaré Philippe Pouletty au micro de BFM Business.
Voir l’interview de Philippe Pouletty sur BFM business :
L’alliance de la chirurgie et de l’aéronautique
Si l’idée de Carmat est l’œuvre du célèbre chirurgien Alain Carpentier, cette prothèse n’aurait pu voir le jour sans les finances et l’expertise du groupe aéronautique Matra. Dans les années 80, Alain Carpentier avait en effet convaincu Jean-Luc Lagardère d’investir dans son projet. Mais les deux hommes ne s’attendaient pas à mettre autant de temps pour le faire aboutir. Entre-temps, Lagardère père est mort et Matra a été refondu dans EADS. Mais le groupe européen n’a pas abandonné le dossier.
Ce sont ses ingénieurs qui ont réussi à miniaturiser l’organe artificiel imaginé par Carpentier. Eux encore qui ont mis au point les capteurs et le microprocesseur qui équipent la prothèse. D’autres implantations en Belgique, Pologne, Slovénie et Arabie Saoudite devraient suivre avant la mise sur le marché de Carmat. Reste également à alléger encore le poids de la prothèse – 900 grammes tout de même- et simplifier son dispositif d’alimentation très contraignant. Et il y a le coût prohibitif de cette petite merveille : 160 000 euros au moins. On doute que la sécurité sociale envisage de le rembourser…
Cette première mondiale ouvre un nouveau chapitre de l’histoire de la médecine. On peut espérer que d’autres organes artificiels verront le jour sur son modèle comme des reins, des foies ou des pancréas. L’homme augmenté est déjà une réalité.
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