Si ” l’Icann n’est pas une démocratie mondiale “, selon les propres mots de son président, Stuart Lynn, peut-être a-t-elle vocation à porter la parole des internautes et, accessoirement, des détenteurs de noms de domaine… Les responsables du Cigref (Club informatique des grandes entreprises françaises) en sont convaincus.L’association, qui regroupe 114 des plus importantes entreprises utilisatrices des technologies de l’Information, propose un projet allant dans ce sens, et combat farouchement les visées de Stuart Lynn.
Retour à la démocratie censitaire… contre quelques centimes ?
Pour pallier le déficit de représentation de l’ Icann (The Internet corporation for assigned names and numbers), celui-ci souhaite faire appel aux gouvernements nationaux pour en assurer le financement. Aux yeux du Cigref, cette option est inacceptable, car cela reviendrait à mettre hors jeu les premiers concernés, c’est-à-dire les entreprises et les individus utilisateurs d’Internet.Par ailleurs, toujours selon l’association française, il existerait un risque réel que le pouvoir, autour de la gestion des noms de domaine, soit finalement accaparé par un nombre limité d’Etats, à commencer par les Etats-Unis…A contrario, le Cigref fait campagne pour une restructuration globale de l’Icann, de son organisation et de son financement. ” Nous sommes pour la mise en place d’un user fee sur l’acquisition des noms de domaine “, explique Sébastien Bachollet, délégué général adjoint du Cigref. En pratique, une somme minime (quelques centimes d’euros) serait prélevée sur toute opération d’achat ou de renouvellement des droits d’exploitation d’un nom de domaine… Une telle pratique aboutirait éventuellement à un ” droit de regard ” des membres sur les décisions de l’Icann.
Partager les coûts
Le Cigref affirme être soutenu dans sa démarche par d’importantes entreprises européennes et américaines, ainsi que par beaucoup de FAI (fournisseurs d’accès à Internet), tous désireux d’avoir un droit de regard sur la gestion et le lancement de nouveaux noms de domaine.Pour le monde économique, les enjeux financiers sont considérables. “L’ouverture de l’utilisation des noms de domaine à l’ensemble des alphabets de la planète entraîne des risques financiers très forts pour les entreprises”, poursuit Sébastien Bachollet. D’où la nécessité d’un minimum de concertation.Quoi qu’il en soit, pour le Cigref, le temps semble compté… Après la récente réunion de l’Icann, qui s’est tenue au Ghana, un débat public a été ouvert sur l’avenir de l’Icann. Il doit durer six semaines. Pendant cette période, le Cigref entend faire pression sur la Commission européenne et les pouvoirs publics pour imposer ses vues.” Mais la puissance de feu est du côté de l’Icann “, note Sébastien Bachollet. La décision finale sera annoncée lors de la prochaine réunion de lIcann, prévue au mois de juin à Bucarest.
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