Sur le marché des serveurs multiprocesseurs Unix, trois technologies sont disponibles. SMP (Symmetric Multiprocessing) date du milieu des années 1970. Le système distribue symétriquement les tâches entre les différents processeurs, qui partagent tous une mémoire commune. En ce qui concerne l’architecture MPP (Massively Parallel Processing), les processeurs exécutent le même programme en parallèle sur des mémoires différentes. Enfin, dans les serveurs Numa (Non Uniform Memory Access, lire page 34) chaque processeur a son propre espace mémoire, mais peut également accéder à ceux des autres processeurs. Si toutes ces architectures proposent de fortes capacités de traitement, chacune présente des avantages et des inconvénients. “Le choix de l’architecture est essentiellement guidé par le type d’application que l’on souhaite exécuter”, remarque Philippe Rucho, responsable informatique scientifique de l’organisme de contrôle Bureau Veritas. Les serveurs massivement parallèles sont en général utilisés pour le calcul scientifique et toutes les applications décomposables en milliers d’opérations, tandis que Numa est employé pour le décisionnel et, de plus en plus, pour les très gros serveurs transactionnels. SMP reste l’architecture la plus répandue : stations de travail, serveurs web ou encore applications de commerce électronique l’utilisent.
Une architecture intégrée au projet applicatif
Lors de sa migration d’un système propriétaire Data General avec des applications Cobol vers une architecture centralisée basée sur des développements Oracle, la Chaîne Thermale du Soleil a choisi d’utiliser des serveurs Unix. “Essentiellement pour des raisons de stabilité. Mais nous n’avions aucune spécification quant au type d’architecture multiprocesseurs”, explique Michèle Paulard, responsable informatique de cette société spécialisée dans la vente de cures thermales (600 personnes hors saison et 550 millions de francs – 84 millions d’euros – de chiffre d’affaires). “La solution proposée par Data General, composée d’un cluster Aviion de 3 x 4 processeurs utilisant la technologie Numa, était totalement intégrée au projet applicatif”, poursuit-elle. Le serveur Numa de la Chaîne Thermale du Soleil héberge les logiciels de gestion et de réservation de la société. Pour sa responsable informatique, Numa rassemble les avantages de MPP et de SMP : “À base de processeurs Intel, le système est facilement évolutif et peut être porté vers NT en cas de besoin. Même s’il ne peut supporter autant de processeurs que MPP, il n’a pas le désavantage de nécessiter une adaptation des logiciels.”
Pour Philippe Rucho, équipé d’un serveur RS/6000 SP d’IBM, la spécification du logiciel de calcul exécuté sur le serveur n’a pas été un frein au choix de MPP. “Il faut dire qu’à l’époque [en 1996, Ndlr] Numa était encore balbutiant. Aujourd’hui, nous étudierions ses avantages, notamment ceux apportés par la mémoire distribuée par tous les processeurs. Quoi qu’il en soit, si Numa ne nécessite pas de développement particulier, il reste inférieur, en terme de capacité de traitement, au massivement parallèle. Parce que, justement, nous adaptons le logiciel pour une bonne exploitation des structures processeurs/mémoires. Même s’il me semble que théoriquement, SMP, Numa ou MPP présentent les mêmes capacités brutes de traitement et de calcul. Tout dépend de l’application logicielle et de la manière dont elle est adaptée à l’architecture du serveur.”Selon le responsable de Bureau Veritas, des rapports de temps de calcul de 10, voire de 100, peuvent être obtenus grâce à l’optimisation du logiciel.
Pour tirer parti des systèmes SMP, les applications doivent aussi être spécifiquement construites, et avoir de multiples pôles d’exécution qui pourront être distribués aux différents processeurs. Mais, fort de son ancienneté sur le marché, SMP est très bien couvert fonctionnellement.
En ce qui concerne les prix, l’architecture Numa revient plus cher que SMP chez la majorité des constructeurs. Le massivement parallèle remporte, lui, la première place en terme d’investissement. “L’administration d’un serveur MPP est totalement centralisée. Les coûts d’administration sont donc réduits par rapport aux autres architectures. Sans compter que l’occupation d’espace est inférieure et le câblage beaucoup plus ” aéré “. Tous ces éléments apportent une sécurité certaine mais ont un coût”, poursuit Philippe Rucho. “Certes, mais l’équipement SMP permet une montée en charge facile en fonction des besoins de la société, et ce à un coût plus abordable”, répond Stéphane Bertin, responsable système, réseaux et production du site de transaction boursière fortuneo. com (60 personnes).
Maîtriser l’environnement Unix
Fortuneo s’est donc équipée d’une ferme de serveurs HTTP de marque Sun, dont six quadriprocesseurs en SMP. Pour le moment, les machines ne sont pas connectées en grappe. “Dès le départ nous nous sommes orientés vers des serveurs Unix SMP. Pour des raisons de coûts d’investissements, mais aussi parce que nous manquons de compétences sur les architectures Numa”, reconnaît Stéphane Bertin. “MPP ou Numa demandent effectivement une formation pour une administration efficace. Et il est vrai que l’on trouve plus facilement des compétences sur le couple Wintel que sur Unix, acquiesce Philippe Rucho. Mais l’arrivée de Linux est en train de changer les choses. Et nous devrions voir arriver une nouvelle génération de jeunes ingénieurs maîtrisant parfaitement l’environnement Unix.”
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