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Le chef des espions britanniques accuse les géants du Web d’aider les terroristes

Le nouveau patron de la plus discrète agence de sécurité de sa Majesté estime que les sociétés high-tech ne prennent pas la mesure de l’utilisation de leurs réseaux par les terroristes.

Pour sa première prise de parole publique, Robert Hannigan, nouveau directeur de la puissante agence de surveillance britannique, le Government Communications Headquarters (GCHQ), alliée de la NSA, fait fort. Il s’en est pris dans le Financial Times aux géants du Web, les accusant d’être devenus « le centre de contrôle et de commandement préféré des terroristes et des criminels ».

Evoquant la guerre de propagande numérique que mène l’Etat islamique sur Facebook, Twitter ou encore WhatsApp, Robert Hannigan accuse même les entreprises high-tech d’être « dans le déni » sur l’usage que font les terroristes de leurs outils.

Pour le directeur, ces groupuscules ont toujours trouvé des moyens de dissimuler leurs intentions, mais « les nouvelles technologies et le cryptage des messages leur permettent maintenant d’encore mieux se cacher ». Sans oublier les logiciels et applis de sécurité estampillés « Snowden approved » ajoute-t-il. « Il est clair que ces jeunes combattants ont beaucoup appris grâce aux fuites de ces deux dernières années », continue Robert Hannigan, faisant allusion à la divulgation de certains secrets des agences d’espionnage par Edward Snowden

Robert Hannigan poursuit en expliquant que la plupart des internautes sont bien plus au fait de ce qui se passe sur la Toile que ces sociétés et apprécieraient que ces dernières collaborent plus étroitement avec les agences de renseignement. Les services de renseignement « ne peuvent régler ce problème » sans « un plus grand soutien du secteur privé, notamment de la part des plus grands groupes de technologie américains qui dominent le Web », explique-t-il.

Cette intervention du patron de l’espionnage britannique fait écho aux critiques portées aux Etats-Unis par diverses autorités. Ainsi en septembre dernier, le directeur du FBI, James Comey, s’était plaint de la nouvelle politique de protection des données mise en place par diverses firmes high-tech. Quinze jours plus tard, il avait même réclamé une nouvelle loi pour permettre aux services de renseignements d’accéder aux données cryptées des téléphones, accusant Apple et Google d’aider les criminels et terroristes à échapper à la loi.

De nombreuses critiques

Ces déclarations ont suscité des commentaires critiques de la part des organisations de défense des libertés individuelles sur Internet, qui estiment que le GCHQ est mal placé pour donner des leçons.

« Avant de condamner les efforts des compagnies pour protéger la sécurité de leurs utilisateurs, peut-être qu’il (M. Hannigan) devrait se demander pourquoi le GCHQ a fait l’objet de tant de critiques », a ainsi écrit Eric King, un responsable de Privacy International, dans un courrier électronique à l’AFP. « Les sales pratiques du GCHQ – forcer les compagnies à fournir les données de leurs clients via des ordres secrets, puis installer des écoutes dans les datacenters de ces mêmes compagnies (…) – lui ont fait perdre la confiance du public », a-t-il estimé.

De son côté, Eva Galperin, une responsable du groupe de défense des libertés sur Internet Electronic Frontier Foundation, a jugé de son côté « hypocrite » la demande de coopération adressée par Robert Hannigan aux entreprises de la Silicon Valley. « Si la GCHQ veut obtenir la coopération des compagnies américaines travaillant sur Internet (…) elle a déjà de nombreux moyens de le faire, qu’il s’agisse d’outils de surveillance ou de voies légales », a-t-elle remarqué sur les ondes de la BBC.

Une position partagée par Emma Carr, directrice de Big Brother Watch, groupe de défense britannique des libertés des internautes. Pour elle, « les entreprises du Net ont toujours prouvé avec leurs rapports de transparence qu’elles aidaient les agences de renseignement lorsque cela était approprié. Aucune preuve d’obstruction de leur part n’a jamais été apportée. »

A lire aussi :
Espionnage : Américains et Britanniques connectés sur les réseaux Deutsche Telekom, paru le 15/9/2014

Source : Financial Times

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Cécile Bolesse, avec AFP