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Le charabia de la micro

L’avez-vous remarqué ? La micro-informatique prend de plus en plus de liberté avec le français.

Que la langue anglaise soit omniprésente en micro-informatique, c’est un fait que personne ne conteste. Mais l’invasion de termes anglais dans notre langue devient réellement importune quand elle ne répond plus à une nécessité.Ainsi, forwarder un message, faire un backup,
upgrader son PC ou faire du B2B… sont autant d’inutiles emprunts à l’anglais, dans la mesure où
chacun de ces termes a un équivalent exact en français.Plus sournoises et tout aussi nombreuses sont les traductions impropres ou approximatives d’anglais en français. Ainsi, le terme fonctionnalité est très souvent employé à la place de fonction
dans les fiches techniques des appareils ou des logiciels. Or, la fonctionnalité d’un dispositif n’est rien d’autre que son aptitude à remplir sa fonction. ‘ Ajouter dix fonctionnalités à un
logiciel ‘
est donc absurde.Parler d’un consultant pour un conseiller est aussi illogique, car cet individu n’est pas consultant, mais consulté. Il est tout aussi aberrant d’utiliser le terme serveur dédié
pour désigner un serveur spécialisé, le terme dédier s’appliquant plutôt à des ?”uvres artistiques. Et ceux qui emploient le terme initier à la place de
commencer ignorent sans doute qu’initier quelqu’un, c’est le former à un art ou à une technique, rien d’autre.Mais les entorses à la langue et les barbarismes ne sont pas tous issus d’une traduction impropre de l’anglais. Ainsi, le terme de maintenance sur site, employé au lieu de sur place, n’a d’autre
but que de donner à ce terme une consonance ‘ savante ‘, à flatter le client en quelque sorte.Ces bizarreries se retrouvent jusque dans les menus des logiciels. Ainsi, je n’évoque jamais sans rire les favoris d’Internet Explorer ou les préférences des logiciels… Vous doutiez-vous
que vos programmes avaient des favoris et des préférences ? …Alors, quand vous verrez, sur l’emballage (pardon, le packaging !) d’un logiciel, la mention ‘ Version française ‘, méfiez-vous : cette version n’a souvent de français que le
nom !Préoccupations futiles, me direz-vous? Je ne crois pas : le français est une langue riche et on peut être clair sans tomber dans le pédantisme. Après tout, mal s’exprimer, c’est risquer d’être mal compris.* Rédacteur en chef adjoint de L’Ordinateur IndividuelProchaine chronique vendredi 23 septembre

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Etienne Oehmichen*