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Le chanceux Carrère

L’homme brigue le leadership des sociétés de production européennes.

Il a tout vendu. Des disques à succès, du prêt-à-porter, des bouquins, du ciment roumain, des chantiers navals en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, des magazines pour adolescents, des émissions et, enfin, des séries d’animation, son dernier hobby. Tout réussit à Claude Carrère. À 66 ans, il s’est fixé un nouveau défi : faire de Carrère Group l’une des toutes premières sociétés de production audiovisuelle. La tâche est ardue. Mais l’homme est obstiné. Et chanceux, sans doute protégé par son armée céleste, des proches “partis trop vite”.

Un artiste doué en affaires

Sa tante d’abord. Elle l’arrache à 16 ans à sa famille clermontoise pour le faire monter à Paris. Après avoir fréquenté aussi assidûment les bancs de l’ESCP que les sofas de la Nouvelle Ève, Claude écrit sa première chanson. Le refrain sera prémonitoire : “Mon Dieu si tu m’aimes, fais que cette mélodie marque la fin de mes peines et le début de ma vie.” S’ensuit une rencontre, la première, celle de Madame Breton, dite “La Marquise “. Non contente d’avoir lancé Gilbert Bécaud et Charles Aznavour, elle voit en Claude Carrère un artiste doué pour les affaires. D’auteur-compositeur, Claude s’essaye alors à la production au début des années 1970 et révèle au public Claude François, Adamo, Sacha Distel. Très vite, il songe à élargir son activité aux produits dérivés. Entre autres, il essaime dans l’Hexagone une quarantaine de boutiques de prêt-à-porter, avec pour égérie la chanteuse Sheila.

L’animation l’emballe

En 1973, le premier choc pétrolier sonne le glas de ses activités périphériques. Quatre ans plus tard, à la mort de son ami Claude François, il reprend les magazines du chanteur, Podium et Hit Magazine, pour les céder six ans plus tard à Daniel Filipacchi. En 1987, les feux de la télévision, en particulier de La Cinq, aux côtés du magnat des médias Robert Hersant, l’un des principaux actionnaires de la chaîne, attirent ensuite le papillon polymorphe. En 1994, à 59 ans, Claude Carrère change encore de casquette pour se tourner vers la production de séries d’animation. Et une fois de plus ça lui réussit. Il acquiert les droits de Snoopy, de Casimir et de Félix Le Chat, tout en privilégiant la création interne. Avec une insolente facilité, il impose au hit parade les productions ?” Kirikou ou Princes et Princesses ?” de sa “très talentueuse équipe.” Charmeur, faux naïf, joueur, la Bourse ne lui déplait pas. Claude Carrère lui a confié le cinquième de son capital, voyant en elle une alliée utile à l’accomplissement de son rêve : hisser son groupe à la première place européenne. La seule qu’il convoite.

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AMDL