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Le casse-tête du contrôle financier des jeunes pousses

Les experts-comptables et commissaires aux comptes sont juridiquement responsables. Et ils veulent évaluer les start up selon le principe de la coresponsabilité.

Face aux entreprises de la nouvelle économie, les experts-comptables et les commissaires aux comptes semblent bien perplexes. Ils mettent en avant le principe de leur responsabilité dans le contrôle des comptabilités des jeunes pousses. Leur inquiétude concerne la méthode à utiliser pour évaluer des entreprises qui n’ont parfois que quelques mois d’existence et manquent d’un passé de référence. De plus, elles évoluent rapidement, sur un marché nouveau, avec des plans de financement et de développement théoriques, tout en fonctionnant d’une manière différente des entreprises de l’économie traditionnelle.Première réponse, les méthodes classiques restent indispensables, comme l’actualisation des flux de trésorerie (ou discounted cash flow), qui consiste à évaluer une entreprise d’après les rentrées nettes de trésorerie des prochaines années, ramenées à leur valeur d’aujourd’hui. Mais elles ne suffisent pas toujours et peuvent donner des résultats divergents. L’expert peut alors préférer ne pas se prononcer et laisser l’appréciation finale de l’évaluation aux investisseurs et partenaires de l’entreprise.Ensuite, experts-comptables et commissaires aux comptes doivent prendre en compte des aspects de la nouvelle économie qui ne sont pas purement comptables. Sortir du cadre strict de la comptabilité n’est pas sans risque pour ces professionnels, notamment en cas de défaillance de l’entreprise qu’ils ont évaluée. Ce commissaire aux comptes d’une PME de haute technologie, en déficit de 33 millions de francs à la veille de son entrée en Bourse, aurait pu connaître des déboires. L’une des banques ayant décidé de se retirer, il aurait dû lancer une procédure d’alerte. Il ne l’a pas fait. Finalement, l’entrée en Bourse de la société s’est bien passée. Mais quelle aurait été sa responsabilité dans le cas contraire ?Pour faire évoluer la relation entre l’entreprise, l’expert-comptable et le commissaire aux comptes, Edouard Salustro, président honoraire du Conseil supérieur de l’ordre, envisage le “ principe de coresponsabilité”. Les professionnels de la comptabilité auraient pour charge d’éclaircir les hypothèses sur lesquelles s’appuient les jeunes pousses. Et émettre une opinion, mais pas une validation, sur les plans de financement et de développement. “Le commissaire aux comptes devient un réducteur d’incertitude “, conclut Jean-Claude Reydel, expert-comptable et commissaire aux comptes.

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Corinne Montculier