Stockage des données en ligne dans un dossier médical partagé, messagerie sécurisée, agenda pour entrer ses rendez-vous médicaux, rappels et examens, catalogue d’applications, etc… Tous ces outils n’ont pas été élaborés par les géants américains du numérique, mais sont bien français et seront bientôt accessibles depuis la plate-forme Mon espace santé.
Il s’agit d’un nouveau service piloté par la Délégation ministérielle au Numérique en Santé (DNS) et la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam).
Le ministre Olivier Véran a confirmé ce lundi 18 octobre à l’AFP que le lancement aurait bien lieu comme prévu dès le 1er janvier 2022, après une phase de tests qu’il juge réussie dans les trois départements de la Haute-Garonne, Loire-Atlantique et dans la Somme.
« C’est un outil destiné au grand public, qui facilitera non seulement les démarches du patient, mais aussi le travail du professionnel de santé », a précisé le ministre dans un discours prononcé à Station F.
Nous avions pu nous entretenir cet été avec Dominique Pon, délégué ministériel au numérique en santé auprès du ministre des Solidarités et de la Santé et directeur de la Clinique Pasteur à Toulouse. C’est l’une des chevilles ouvrières de ce vaste programme.
« L’objectif, c’est que les Français accèdent enfin à leurs données de santé en ligne et que leur parcours de soin ne connaisse plus de ruptures », nous avait-il expliqué.
Qu’est-ce que c’est ?
Le service comprendra une messagerie sécurisée avec une adresse, un agenda pour ses rendez-vous, rappels et examens, un catalogue d’applications et un dossier médical partagé (DMP) où stocker ces données comme des ordonnances, des traitements, des résultats d’examens, ses antécédents médicaux, ou encore des compte-rendus d’hospitalisation et des certificats de vaccination.
Comment ça marche ?
« Au départ, les gens entreront eux-mêmes leurs données en prenant, par exemple, en photo leurs résultats et en les partageant avec leur médecin. Puis, au bout de deux ou trois ans, les établissements et professionnels de santé devraient être prêts techniquement à le faire eux-mêmes », détaille Dominique Pon.
Quand ?
Tous les citoyens affiliés à un régime d’assurance maladie recevront un courrier ou un mail au premier trimestre pour les informer du lancement de Mon espace santé.
Cela représente une population potentielle de 69 millions de personnes. Il ne sera pas nécessaire d’attendre ce message pour activer son compte, puisque l’application sur Web et mobile sera disponible dès les premiers jours de l’année 2022.
Une carte vitale dématérialisée devrait suivre au deuxième semestre de l’année prochaine pour se faire rembourser ses frais de santé. Elle pourra aussi servir à s’identifier de manière sécurisée à d’autres portails ou des applications de santé.
Est-ce obligatoire ?
Non, il sera possible de s’opposer à la création de son compte. Mais en l’absence de réponse, il sera activé par défaut. C’est ce qu’on appelle de l’opt-out.
Où seront stockées les données ?
Les données seront hébergées en France sur les serveurs d’Atos.
Mes objets connectés seront-ils compatibles ?
Les données recueillies par vos objets connectés du commerce comme les montres ou balances pourront enrichir votre espace santé et être partagées avec votre médecin traitant, à condition que les applications soient référencées dans le store. Pour cela, il faudra que les constructeurs remplissent des conditions de sécurité et d’interopérabilité imposées par l’Etat français.
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La France avait beaucoup de retard
Cela n’a pas été une mince affaire de parvenir à ce résultat.
« La France a 15 ans de retard en matière de numérisation de la santé. Et c’était une sacrée pagaille jusque-là dans ce domaine », témoigne Dominique Pon.
Il a fallu rebâtir toutes les fondations. Biologistes, pharmaciens, radiologues ou hôpitaux avaient développé chacun des logiciels sans règles communes. Résultat, leurs outils ne pouvaient pas communiquer entre eux et ne présentaient pas tous des garanties en matière de sécurité.
Il n’y avait pas non plus d’identification unique pour référencer les patients, chacun ayant adopté une méthode différente. L’INS (Identité Nationale de Santé) a été imposée il y a un an et demi sur la base du nom, prénom, de la date et du lieu de naissance, du sexe, mais aussi du numéro de Sécurité sociale. Quant aux professionnels de santé, ils disposent eux aussi désormais d’un certificat électronique pour se connecter : l’eCPS. Et les logiciels sont en train d’être mis à niveau de manière à être labellisés.
L’Etat veut ainsi reprendre la main sur les données de santé. Mais le gouvernement ne promet pas non plus de miracle dès le mois de janvier avec le lancement de Mon espace santé.
« Il faudra du temps, vous l’imaginez bien, pour que chacun s’acclimate et apprenne à s’en servir, mais cela va être une petite révolution très favorable à la santé », a déclaré Olivier Véran à l’AFP.
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