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Le capital-risque français manque d’experts internet

Le commissaire européen Erkki Liikanen a l’intention de créer un réseau entre tous les acteurs financiers européens.

Pas de complexes gaulois. L’organisation du capital-risque ” à la française ” n’a pas constitué un frein au développement des projets internet. Erkki Liikanen, commissaire européen chargé des entreprises et de la société de l’information, en est persuadé. Il estime même que la France n’a pas à rougir de ses acteurs financiers dans le secteur de l’internet. “Il y a deux ans, la situation en Europe – et notamment en France – était particulièrement mauvaise. Depuis, le montant des fonds investis dans les NTIC a quadruplé sur le Vieux Continent. Et la croissance continue. Beaucoup de sociétés se plaignent de ne pouvoir boucler leur tour de table. Mais les difficultés concernent essentiellement des projets réplicables, ciblant le client final. Pour les projets à valeur ajoutée technologique, il n’y a pas de problèmes, même en France.” C’est vrai, puisque les montants investis dans l’Hexagone par les capital-risqueurs ont crû de 143 % au cours du premier semestre 2000 (*).En revanche, la France doit s’adapter sur plusieurs points pour faciliter l’émergence de projets liés à l’internet. “Le domaine où la France et l’Europe en général sont moins bons que les Etats-Unis, c’est celui de l’esprit d’entreprise. Nous avons des atouts technologiques, mais nous devons favoriser une prise de risque plus importante. Par ailleurs, la législation doit pouvoir offrir une deuxième chance en cas d’échec. Actuellement, la législation étouffe ceux qui ont connu un premier déboire et ont pourtant une forte expérience “, précise le commissaire européen.

Aider les PME qui développent leur activité en ligne

Pour Erkki Liikanen, le capital-risque à la française souffre aussi d’une pénurie de spécialistes métier. “L’argent est là. Mais la France, comme d’autres pays européens, manque de spécialistes et d’experts capables d’accompagner les projets et de fournir du conseil “, regrette-t-il. Pour pallier cette difficulté, la Commission européenne travaille sur la mise en réseau des business angels et des capital-risqueurs à l’échelle du Vieux Continent. Concrètement, il s’agit de diffuser les ” meilleures pratiques ” entre ces différents acteurs. “Aux Etats-Unis, des business angels ont déjà créé et revendu deux fois leur entreprise. Ils bénéficient donc d’une très grande expérience. En France, nous n’en sommes, peu ou prou, qu’au premier tour. Il existe donc un manque d’expérience certain, qu’il s’agit de combler “, renchérit Erkki Liikanen.Autre dossier prioritaire de la Commission européenne : aider les petites et moyennes entreprises déjà constituées à mieux profiter des opportunités d’internet. “L’avenir de la nouvelle économie, c’est la fusion de l’ancienne et de la nouvelle économie. C’est ce phénomène de rapprochement qui va générer des gains de productivité extraordinaires “, souligne le commissaire européen en charge du dossier. Ce dernier travaille actuellement sur un projet destiné à garantir les investissements consentis par les PME pour développer leur activité en ligne. Le projet est élaboré en partenariat avec la Banque européenne d’investissement. Il pourrait être présenté au Parlement européen au tout début de l’année prochaine.(*) Voir ” Les capital-risqueurs saupoudrent leurs fonds “, 01 Informatique n?’ 1610, page 21.

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François Sapy