Décision Micro & Réseaux : Quelle est l’activité de Chello Broadband ?
Guy Boselli : Chello Broadband a été lancé en France en juin 1999, c’est une filiale d’UPC. Son réseau est présent dans six pays d’Europe du Nord. Avec 170 000 abonnés en Europe, nous sommes le principal fournisseur d’accès large bande devant France Télécom. Il existe aujourd’hui 2 millions de prises UPC en France, et 200 000 sont exploitables pour l’accès Internet. Fin 2000, il devrait y en avoir entre 600 000 et 700 000. Ce chiffre s’explique par le fait que nous avons racheté des portions de réseau câble qu’il nous faut mettre à niveau.
À quelle clientèle vous adressez-vous ?
Je ne crois pas que le câble et le haut débit s’adressent exclusivement aux internautes expérimentés. Nous situons plutôt notre marché sur des nouveaux entrants qui cherchent la simplicité et la fiabilité. Les entreprises, bien entendu, nous intéressent. Cependant, il y a un problème de gestion des offres. L’ouverture aux professionnels nous oblige à assurer une supervision très pointue et à mettre en place un service clientèle dédié. Ceci est dû, en partie, au fait que notre offre comprendra un routeur. Nous assurerons aussi des offres de réseau privé virtuel. Pour le moment, il n’est pas question de vendre de la bande passante à l’état brut. Nous préparons des services d’hébergement pour les entreprises. Mais nous allons commencer par augmenter les capacités de l’ensemble de notre réseau.
Quelle est la situation de la fourniture d’accès large bande par câble, aujourd’hui, en France ?
Il y a un manque d’infrastructures et les coûts pratiqués sont prohibitifs. Le marché professionnel est moins en retard que celui des particuliers grâce à la location de lignes spécialisées. La France a connu un important retard dans le déploiement du plan câble. À un moment donné, il a été décidé que ce type d’investissement n’était pas rentable. C’est une décision politique, plus qu’une réelle question technique.
Le câble reste mal perçu, surtout depuis les problèmes de Cybercâble…
Il y a eu un ratage. Cybercâble a suspendu son service pour mettre son offre à niveau, les choses ont donc évolué. Apparemment, plusieurs erreurs ont été commises. Les modems n’ont pas été bridés en débit. Il n’y a donc pas eu de régulation. Les premiers utilisateurs mobilisaient la majeure partie de la bande passante. L’infrastructure générale était sous-dimensionnée et la plate-forme informatique n’était pas à jour. Ce ratage a eu des effets négatifs en France. Mais les choix techniques, calqués sur le RTC, étaient aberrants.
On a même dit que ces problèmes étaient intrinsèques à la technologie câble ?
On dit parfois que le câble n’est plus fiable au-delà d’un certain nombre d’abonnés. C’est faux. Mais cette technologie exige des investissements assez élevés. L’exemple américain ou celui de Chello en Hollande prouvent que la technologie n’est pas en cause. Sur un réseau traditionnel RTC, il faut réserver environ 2 kbit/s par abonné. Sur le câble, pour assurer aujourd’hui un service correct, le dimensionnement doit être de cinq à huit fois supérieur. D’autre part, le réseau doit être prévu pour supporter la connexion permanente. Vous pouvez comparer avec l’exemple de l’ADSL et les déboires récents de France Télécom. Il y a eu erreur dans le calcul de la bande passante à attribuer à chaque abonné et sous-estimation du phénomène de la connexion permanente. Chello dispose de la dorsale de son créateur UPC. Aujourd’hui, elle offre 155 Mbit/s, et elle évoluera vers 2,5 Gbit/s, puis 10 Gbit/s. Mais attention, il nous est impossible de garantir le débit en dehors de notre propre réseau. Il faut éduquer les internautes, leur expliquer que le problème des débits ne dépend pas seulement du fournisseur d’accès, mais aussi de l’encombrement d’un ensemble de liaisons. La qualité de la boucle locale câble est aussi en question. Ainsi, les niveaux de bruits parasites peuvent abaisser considérablement les performances d’un réseau. Chez Chello, nous scrutons les infrastructures jusqu’à l’abonné. Nous essayons également de ne pas servir plus de 500 abonnés en sortie de fibre afin de maintenir la qualité des connexions.
Et la qualité de service ?
Elle consiste avant tout à tenir ses promesses. Par exemple, nous garantissons qu’il n’y aura pas de coupures de l’accès. Lorsque France Télécom a lancé son offre ADSL, il devait couper une fois par jour pour des raisons statistiques. C’est problématique pour une entreprise qui transfère ses fichiers la nuit. Pour garantir le débit, nous travaillons avec Sun et Cisco dans un centre de recherche sur l’accès à large bande à Amsterdam. Pour la boucle locale, nous avons une politique d’audit en qualité. Mais pour être franc, aujourd’hui, l’éthique du fournisseur est à peu près la seule garantie dont dispose une entreprise.
Guy Boselli veut remettre les pendules à l’heure : le câble est une technologie viable, handicapée jusqu’ici par des erreurs de déploiement. Cette alternative au RTC, à l’ADSL et autres lignes louées, mérite d’être considérée par les entreprises. D’autant plus que, jusqu’ici, le haut débit n’a brillé en France que par les discours prometteurs des uns et des autres et une remarquable succession d’erreurs.
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