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Le bas débit qui est le mien

Scène de bureau : l’image du présentateur s’arrête mais le son continue. Puis le son s’arrête. L’écran affiche “Mise en mémoire tampon”. Trente secondes s’écoulent avant…

Scène de bureau : l’image du présentateur s’arrête mais le son continue. Puis le son s’arrête. L’écran affiche “Mise en mémoire tampon”. Trente secondes s’écoulent avant que le journal d’une chaîne de télévision américaine apparaisse à nouveau. Scène familiale : une mère de famille veut aller sur un site de commerce électronique bien connu. Mais le site ne s’affiche pas immédiatement. Elle abandonne son idée d’achat au bout de trente secondes. Elle est patiente, la plupart des internautes changent de site au bout de huit secondes. Bienvenue au pays du plat (bas) débit.Que le développement du haut débit se fasse enfin une place dans les programmes des partis politiques n’est pas, à ce niveau de retard, une victoire. On peut avancer en effet que les flopées de “dotcoms” ayant agité l’économie française en 1999 et 2000 sont mortes en partie en raison du manque d’oxygène, c’est-à-dire de haut débit. Combien d’internautes ont, durant ces deux années, été tâter de l’internet, avant de s’en détourner découragés ? Combien, s’ils avaient été immédiatement séduits par une bonne fluidité, auraient validé, par leurs dépenses, les flamboyants plans d’affaires d’une nouvelle génération de créateurs d’entreprises ?Cette fois l’occasion est là. Malgré le peu qu’ils en disent encore, il faut prendre les politiques au mot. D’autant que, d’une certaine manière, les Français savent déjà ce qu’est le haut débit. L’onde hertzienne arrive, faut-il le rappeler, sans temps de latence sur les télévisions et les radios. Les Français sont depuis longtemps habitués à ne pas attendre qu’un logiciel veuille bien décompresser un flux d’images pour regarder PPDA à 20 heures.Les compatriotes des candidats ont été élevés au débit rapide. Ils connaissent même un peu l’interactivité en composant des 0800, qui pour départager Jennifer de Mario à la finale de Star Academy, qui pour pratiquer le téléachat. Les candidats feraient bien d’en prendre conscience avant de promettre quoi que ce soit. Déjà grands amateurs de viande, les Français ne se contenteront pas d’un bout de mou.

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Philippe Bonnet