Passer au contenu

L’e-Administration attend ses nouvelles enveloppes budgétaires

Stables en 2002, les investissements informatiques du secteur public en services et progiciels d’applications devraient croître cette année de 6,7 %. Et continuer leur progression jusqu’en 2005, avec les grands chantiers
informatiques de l’Etat.

Suspense. Dans un mois, le gouvernement dévoilera son plan stratégique sur l’évolution des budgets informatiques du secteur public. Seront-ils à la baisse ou à la hausse d’ici à 2007 ? Le service interministériel Adae (Agence pour le développement de l’administration électronique), créé en début d’année, est chargé de favoriser le développement des systèmes d’information. Il mettra l’accent sur la rationalisation des coûts et l’harmonisation des systèmes. ‘ Nous allons soumettre au Premier ministre nos propositions de réalisation d’e-services plus accessibles aux usagers, après avoir identifié les besoins des administrations et les économies potentielles, et répertorié les projets communs susceptibles d’être mutualisés ‘, explique Jacques Sauret, directeur de l’Adae, qui se garde bien d’émettre le moindre pronostic sur les futures enveloppes.

La crise favorise l’émergence de nouveaux projets

A l’heure où les budgets nationaux sont souffreteux et où les Français s’interrogent sur l’impact économique de certaines mesures gouvernementales, telle la baisse des impôts sur les revenus, les grandes directions informatiques du secteur public n’ont plus qu’à croiser les doigts. Certaines sont focalisées sur le déploiement des grands chantiers informatiques de l’Etat, s’étalant sur plusieurs années, avec des budgets somme toute importants.

Le budget d’investissement du programme Copernic, qui s’étale sur sept ans, représente à lui seul plus de 1 milliard d’euros. Celui du chantier Accord (versions 1 et 2) devrait dépasser les 500 millions d’euros, hors salaires des fonctionnaires. ‘ Le budget global de notre direction informatique et communication pour 2003 est d’environ 220 millions d’euros. Une centaine de millions est dédiée au fonctionnement et au renouvellement du système d’information. Le restant est réservé aux investissements en prestations et équipements’, explique Jérôme Latournerie, directeur du système d’information et de communication du ministère de l’Intérieur et des Libertés locales.

D’autres DSI du secteur public font leurs comptes et recherchent de nouvelles économies possibles, en espérant un rattrapage de l’Etat dans certains secteurs, comme celui de la santé. Un constat que confirme Germain Zimmerlé, DSI des Hôpitaux de Strasbourg : ‘ Tous les DSI de mon secteur s’accordent pour dire que nos budgets informatiques sont insuffisants. Ils représentent environ 1,7 % du budget total de fonctionnement d’un établissement hospitalier. Ils devraient au moins doubler (3 %) pour nous permettre de répondre à nos nouveaux besoins. ‘ Le DSI des Hôpitaux de Strasbourg étudie, pour sa part, l’éventualité d’un passage au logiciel libre pour réaliser des économies et, ainsi, consacrer une part plus importante de son budget aux nouveaux besoins.

Plus serein sur la question, le Syntec informatique évoque un regain d’intérêt de la part du gouvernement : ‘ Si le secteur public a longtemps souffert d’un sous-investissement informatique, avec un net retard par rapport aux pays anglo-saxons, on note depuis quelques mois une prise de conscience assez forte de la part du gouvernement et une volonté de mettre les bouchées doubles. Et ce dans une logique de mise à disposition de services en ligne, d’exemplarité auprès des PME, de gains de productivité et de diminution des coûts dans les administrations françaises ‘, explique Jean Mounet, président de la chambre syndicale des SSII et des éditeurs de logiciels.

Ces grands chantiers informatiques ­ Copernic, Accord, Helios pour le Minefi, Hôpital 2007, Sesam Vitale pour le secteur du social et de la santé ­ lancés, pour certains d’entre eux, depuis quelques années, s’apparentent à la grande réforme informatique de l’Administration française. Ils correspondent à la volonté de l’Etat de moderniser et de rationaliser le système d’information des administrations. Qu’ils soient lancés dans le cadre de la réforme de l’Etat ou initiés par l’ancien gouvernement, dans le contexte de mise en conformité aux normes européennes ou dans celui de l’application de nouvelles mesures législatives, ces grands projets sont devenus des passages obligés.

Ils concernent des millions de personnes. Ne serait-ce que les contribuables français (projet de compte fiscal unique et téléservices) : ‘ Il est clair que nous ne nous orientons pas vers des augmentations de budgets en cette période de conjoncture morose. Mais celle-ci favorise de nouveaux projets, comme la mutualisation de systèmes d’information, l’infogérance et la tierce maintenance applicative, qui permettent de diminuer les coûts ‘, ajoute Jean Mounet.

Bref, les administrations devront savoir rester efficaces en dépensant moins. Ce qui n’empêche pas le lancement de nouveaux appels d’offres par les administrations dans les prochains mois. Témoins, les deux appels d’offres émis par la Mairie de Paris, déjà en cours de dépouillement ­ l’un portant sur un projet de déploiement de grands serveurs Unix, et l’autre sur le portage d’applications dédiées à la gestion des ressources humaines.

Mais si le président du Syntec voit dans le secteur public un relais de croissance pour les SSII et les éditeurs de logiciels, avec un taux de 6,7 % cette année pour le segment de marché des services et logiciels et de 8,4 % l’an prochain, il pointe aussi la trop forte pression exercée sur les prix: ‘ Les processus d’achats informatiques sont encore très tendus. Les marchés publics sont source de lenteur et de manque de souplesse pour notre profession. Il faudrait s’aligner sur les processus européens ‘ , déplore-t-il. Reste à savoir si les futures enveloppes de l’Etat destinées à l’e-administration seront suffisantes…

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Clarisse Burger